Enquête exclusive réalisée par notre correspondant Prince Bertoua.
Paris, 4 avril 2025. Après quinze longues années d’instruction, de rebondissements feutrés et d’archives dormantes dans les tiroirs judiciaires, l’affaire des biens mal acquis vient de franchir un cap historique : la clôture de l’enquête. Une affaire tentaculaire, symbole des relations troubles entre pouvoir, luxe et silence diplomatique. Parmi les noms évoqués dans ce dossier brûlant figure celui, inattendu, de Sonia Rolland, ex-Miss France 2000, à la trajectoire jusqu’ici lisse et médiatique.
Un appartement dans le 16e : générosité présidentielle ou manœuvre d’influence ?

Le cœur de l’imbroglio : un appartement cossu dans le très chic 16e arrondissement de Paris. Valeur estimée : 800.000 euros. Le bien aurait été attribué à Sonia Rolland en 2003 sous couvert d’une SCI (société civile immobilière), une astuce classique dans les milieux où se mêlent argent et opacité. Selon les confidences obtenues par Libération, elle aurait reçu ce présent des mains du couple présidentiel gabonais de l’époque : Omar Bongo Ondimba et son épouse Édith.
C’est en 2001, dans le décor chatoyant d’un concours de Miss sur le continent africain, que le destin aurait scellé leur rencontre. Rolland, figure montante de la beauté afro-française, croise le regard d’Édith Bongo. Un an plus tard, dans les cercles feutrés du pouvoir gabonais, une promesse aurait été faite : “Je vais te faire un cadeau, pour ce que tu représentes pour l’Afrique.” Ce cadeau, ce sera cet appartement parisien, transmis dans un climat de luxe et d’informalité.
Justice et morale : l’ambiguïté du geste

La justice française, dans sa traque des avoirs illicites d’anciens chefs d’État africains, a longtemps tâtonné pour cerner le rôle de Sonia Rolland. Est-elle une bénéficiaire naïve ? Une figure instrumentalisée par un système qui, sous couvert de philanthropie, cherchait à s’assurer des soutiens occidentaux ou à tisser une toile d’influence ? Ou, plus cyniquement, a-t-elle simplement accepté un luxe sans questionner la provenance ?
Elle s’en est expliquée, assurant ne pas avoir perçu à l’époque l’ampleur du geste. Elle évoque un cadeau « personnel », fait par une femme puissante touchée par son image. Mais dans un contexte où les avoirs de la famille Bongo sont désormais examinés à la loupe – villas, comptes bancaires, œuvres d’art – cet appartement devient un symbole : celui de la perméabilité entre politique africaine et élites françaises.
Un dossier clos, mais des questions ouvertes

Hier, 4 avril 2025, la juge d’instruction a prononcé la fin de l’enquête. Un soulagement pour certains, une frustration pour d’autres. Les implications diplomatiques, les silences de certains témoins, l’inaction des gouvernements successifs en France comme au Gabon – tout cela laisse un goût d’inachevé. https://information.tv5monde.com/societe/lenquete-sur-les-biens-mal-acquis-gabonais-en-france-est-terminee-2768823