Impacts des affrontements à Walikale sur la population et l’aide humanitaire

Une population en détresse
Depuis le 19 mars 2025, les affrontements à Walikale, dans la province du Nord-Kivu, entre les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) et les rebelles de l’AFC/M23, créent un climat de terreur. Près de 80 % des habitants ont été déplacés. Ces combats plongent la population dans une psychose généralisée. De nombreux civils fuient leurs foyers, pris entre deux feux dans un conflit qui les dépasse.
La crise humanitaire s’aggrave. Plus de 700 personnes déplacées se sont réfugiées à l’hôpital général de Walikale, saturant des ressources médicales déjà limitées. Natalia Torrent, responsable des programmes de Médecins Sans Frontières (MSF) au Nord-Kivu, explique que les équipes doivent interrompre leurs interventions médicales pendant les hostilités. La sécurité des patients et du personnel est ainsi menacée. Ce dilemme illustre la précarité de l’accès aux soins dans un contexte de guerre.
Dans la vie quotidienne, les impacts sont dévastateurs. Les écoles, fermées, laissent 128 648 élèves sans éducation. Les marchés, presque inaccessibles, exposent les familles à une précarité alimentaire accrue. Les prix des denrées alimentaires ont flambé. La détresse palpable des habitants est accentuée par la peur et l’incertitude qui envahissent leur quotidien.

Les défis des organisations humanitaires
Les organisations humanitaires, confrontées à de sérieux défis logistiques, voient leur travail entravé par la violence. La base de MSF a subi des tirs, et son personnel est confiné, rendant l’acheminement de l’aide extrêmement difficile. La dernière livraison aérienne de fournitures médicales a eu lieu le 17 janvier. MSF prévoit des pénuries imminentes de médicaments essentiels.
Les équipes de MSF tentent de fournir des secours aux blessés, tout en faisant face à des menaces directes. L’accès aux zones les plus touchées est compromis, forçant souvent les équipes à suspendre leurs activités. Cela menace directement des milliers de vies. Marco Doneda, responsable local de MSF, souligne l’urgence de la situation : l’afflux de blessés dans les hôpitaux augmente pendant que les ressources diminuent.
Par ailleurs, des coupes budgétaires compliquent la reconstruction des abris pour les déplacés internes. Plus de 100 000 Congolais ont fui vers des pays voisins, où les conditions de vie sont désastreuses. Les centres d’accueil sont débordés, et l’accès à l’eau potable et à l’assainissement est critique. Cette situation souligne l’impérieuse nécessité d’un soutien international accru pour faire face à de tels besoins humanitaires.

Une communauté internationale en alerte
Face à cette crise imminente, l’appel à une désescalade des hostilités retentit au niveau international. Les déclarations de responsables politiques, dont celle de la ministre des Affaires étrangères de la RDC, Thérèse Kayikwamba, insistent sur la nécessité d’agir sur les promesses de retrait des rebelles. Pourtant, la pérennité de ces promesses est incertaine, alors que des rapports confirment la présence continue des éléments du M23 dans la région.
Les ONG, tout en poursuivant leur mission, naviguent dans un environnement complexe et dangereux. La situation à Walikale illustre de manière frappante les obstacles rencontrés par les organisations dans des contextes de conflit. Il est impératif que les appels à la protection des civils et des structures médicales soient entendus. Des mesures concrètes doivent être prises pour garantir la sécurité des travailleurs humanitaires.
La crise à Walikale soulève des questions cruciales sur la responsabilité des acteurs internationaux et locaux vis-à-vis de la détérioration humanitaire. Comment garantir la sécurité des civils et des travailleurs humanitaires dans un contexte si instable ? Quelles actions assureront un accès humanitaire ininterrompu aux populations dans le besoin ? Ces interrogations doivent guider les futurs débats et les actions à entreprendre pour répondre à cette crise humanitaire alarmante.