C’est une campagne présidentielle sous haute tension qui s’ouvre aujourd’hui au Gabon, avec en ligne de mire le scrutin du 12 avril 2025. Huit candidats sont en lice pour briguer la magistrature suprême, mais derrière cette pluralité affichée, une bataille serrée se dessine entre les figures de proue du paysage politique gabonais.
Brice Oligui Nguema : Du putsch à l’élection

L’homme fort du régime de transition, Brice Oligui Nguema, franchit un pas décisif en briguant la présidence. Celui qui a pris le pouvoir en août 2023 après la chute d’Ali Bongo se présente désormais comme un candidat du peuple, justifiant sa décision par une prétendue « mission divine ». Une rhétorique qui rappelle d’autres hommes forts du continent, à la croisée des ambitions personnelles et de la volonté populaire. Mais derrière l’image du chef salvateur, la question demeure : son passage des armes aux urnes sera-t-il couronné de légitimité ou contesté comme une tentative de prolonger son règne par d’autres moyens ?
Alain-Claude Bilie-By-Nze : L’expérience en héritage

Ancien Premier ministre, Alain-Claude Bilie-By-Nze incarne une forme de continuité, mais sans le poids du passé. Indépendant, il se pose en alternative crédible au pouvoir en place. Son expérience des arcanes du pouvoir joue en sa faveur, mais son défi sera d’incarner un réel changement dans un pays où l’ombre de l’ancien régime continue de planer. Son pari : convaincre qu’il peut gouverner autrement tout en maîtrisant l’appareil d’État.
Une opposition éclatée, mais ambitieuse

Face à ces poids lourds, trois outsiders tentent d’imposer leur voix dans un débat largement dominé par les figures traditionnelles du pouvoir. Stéphane Germain Iloko Boussengui, médecin et dissident de la plateforme « Ensemble pour le Gabon », se positionne comme un candidat du renouveau sociétal. Joseph Lapensée Essigone, juriste et inspecteur des impôts, fait le pari des réformes économiques et d’une gouvernance plus transparente. Quant à Zenaba Gninga Chaning, seule femme en lice, elle symbolise un vent de modernité dans une course électorale souvent monopolisée par les hommes.
Un scrutin à haut risque
Loin d’être une simple formalité électorale, cette présidentielle est un test grandeur nature pour le Gabon. Après des décennies de gestion opaque et d’élections contestées, le pays se trouve à un carrefour décisif. La stabilité politique, la légitimité démocratique et l’adhésion populaire seront les véritables enjeux de ce scrutin.
D’ici au 12 avril, les candidats auront deux semaines pour convaincre, mobiliser et imposer leur vision du Gabon de demain. Mais une question demeure : cette élection marquera-t-elle enfin l’avènement d’une démocratie apaisée ou sera-t-elle un nouveau chapitre des tensions politiques qui jalonnent l’histoire récente du pays ?
Le peuple gabonais, seul maître du destin national, tranchera dans les urnes.