Impact du changement climatique sur les forêts camerounaises
Une biodiversité menacée
Le Cameroun, souvent désigné comme le « château d’eau » de l’Afrique centrale, regorge d’une biodiversité unique, particulièrement dans ses forêts tropicales. Ces écosystèmes couvrent près de 40 % du territoire national, agissant à la fois comme réservoirs de biodiversité et régulateurs climatiques cruciaux. Mais aujourd’hui, le changement climatique met en péril cette richesse naturelle. Les températures fluctuantes et l’évolution des régimes de précipitations dérèglent les cycles vitaux d’innombrables espèces végétales et animales.
Des recherches effectuées par le Centre de recherche forestière internationale (CIFOR) révèlent que les espèces vulnérables aux variations climatiques, telles que certaines variétés d’arbres et d’animaux, voient leur habitat se restreindre. Les forêts denses du sud, abritant des espèces emblématiques comme le gorille de plaine, sont particulièrement en danger. Cette vulnérabilité est exacerbée par la déforestation, liée directement aux activités humaines comme l’agriculture intensive et l’exploitation forestière.
Par ailleurs, la diminution de la biodiversité nuit aux services écosystémiques que fournissent les forêts, tels que la régulation du climat, la purification de l’eau et la protection des sols. La dégradation de ces écosystèmes pourrait donc avoir des effets désastreux sur les communautés locales, qui dépendent de ces ressources pour leur survie.
Les effets sur les communautés locales
Les forêts camerounaises ne sont pas seulement des refuges pour la faune; elles sont aussi essentielles pour les populations humaines qui y résident. Près de 30 % des Camerounais tirent directement leur alimentation, leur logement et leurs revenus des ressources forestières. Ainsi, le changement climatique altère les écosystèmes forestiers, menaçant la sécurité alimentaire et économique de ces populations.
Les agriculteurs, par exemple, constatent des modifications des saisons de culture, rendant certaines récoltes moins rentables. Une étude de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) prévoit une baisse des rendements agricoles de 20 à 30 % d’ici 2050 si les tendances actuelles persistent. Une perspective inquiétante qui pourrait engendrer davantage de pauvreté et de conflits pour l’accès aux ressources.
Confrontées à de tels défis, certaines communautés adoptent des stratégies d’adaptation. La diversification des cultures et l’application de techniques agricoles durables sont quelques-unes des solutions envisagées. Néanmoins, ces approches nécessitent un soutien technique et financier, souvent rare dans les zones rurales camerounaises. Les initiatives de reforestation et de gestion durable des forêts revêtent également une importance cruciale pour renforcer la résilience des écosystèmes et des populations.
Vers une gestion durable des forêts
Pour affronter les enjeux du changement climatique, le Cameroun a déployé plusieurs politiques et stratégies de gestion forestière. Le Plan d’action national sur le changement climatique, adopté en 2015, vise à intégrer les préoccupations climatiques dans la gestion des ressources naturelles. Cependant, son application demeure problématique, freiné par des défis liés à la gouvernance et à la corruption.
Des organisations non gouvernementales comme WWF et Greenpeace collaborent avec le gouvernement camerounais pour promouvoir des pratiques de gestion forestière durables. Ces initiatives comptent la création de zones protégées, la promotion de l’agroforesterie et le soutien à la gestion des ressources par les communautés locales. Le projet « Forests for the Future », par exemple, a permis de restaurer des milliers d’hectares de forêts tout en impliquant directement les populations.
Il est impératif que ces efforts soient amplifiés. Le soutien financier international, comme celui apporté par le Fonds vert pour le climat, est essentiel. Une coopération régionale et internationale renforcée est également cruciale pour échanger les meilleures pratiques et mobiliser des ressources dans la lutte contre le changement climatique.
Alors que le Cameroun se trouve à un tournant décisif, une question prime : comment rassembler les ressources nécessaires pour préserver ces forêts vitales ? Les réponses à cette question façonneront non seulement l’avenir des forêts camerounaises, mais aussi celui des millions d’êtres humains qui en dépendent. L’engagement de tous—gouvernements, ONG et communautés locales—est crucial pour relever ce défi environnemental.
