Impact de la diaspora camerounaise sur le développement économique

Une diaspora en pleine expansion
La diaspora camerounaise, forte d’environ 6 millions d’individus, est une ressource économique et humaine essentielle. En 2024, les transferts de fonds de cette communauté ont atteint 603 millions de dollars. C’est 1,1% du PIB du Cameroun. Ces chiffres soulignent l’importance croissante de la diaspora pour l’économie nationale. Plus qu’une simple aide, ces transferts sont des investissements dans des projets locaux. Ils permettent la création d’entreprises et l’amélioration des conditions de vie des familles restées au pays.
Le gouvernement camerounais, conscient de cette dynamique, a lancé en mars 2025 la « Stratégie nationale de mobilisation de la diaspora en faveur du développement socioéconomique du Cameroun ». En partenariat avec l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), cette initiative vise à maximiser l’impact des contributions des expatriés. En cartographiant les compétences et en créant un répertoire des entrepreneurs, cette stratégie ambitionne de mieux intégrer les Camerounais de l’étranger dans le développement du pays.
Ce projet s’inscrit dans la Stratégie nationale de développement 2030 (SND30), qui souhaite rendre les politiques publiques plus inclusives. En adaptant les politiques aux réalités de la diaspora, le Cameroun espère non seulement tisser des liens avec ses citoyens à l’étranger, mais aussi tirer parti de leur expertise et de leurs ressources.

Les défis de la fuite des cerveaux
Cependant, un défi majeur persiste : la fuite des cerveaux. Des milliers de professionnels qualifiés, tels des ingénieurs et des médecins, choisissent l’étranger, attirés par de meilleures opportunités. Jean Bahebeck a récemment mis en lumière que 12 000 ingénieurs camerounais sont en Allemagne et 5 000 médecins en France. Cela soulève des questions sur la capacité du Cameroun à retenir ses talents, et surtout, à les inclure dans son développement.
Pour inverser cette tendance, des mesures ont été proposées. Parmi elles, la création de mécanismes facilitant l’accès de la diaspora au pays et l’inclusion de députés issus de cette communauté dans les instances décisionnelles. Ces démarches visent à renforcer l’influence de la diaspora sur les politiques publiques, tout en motivant les professionnels à revenir ou à investir dans leur terre natale.
Il est crucial de considérer que la fuite des cerveaux ne représente pas seulement une perte, mais aussi une chance de réévaluation des politiques de développement. En intégrant les compétences de la diaspora dans les projets nationaux, le Cameroun peut bénéficier d’expertises précieuses tout en offrant de nouvelles perspectives à ses citoyens vivant à l’étranger.

Vers une collaboration renforcée
La mise en œuvre de la stratégie nationale de mobilisation de la diaspora est une étape cruciale pour le Cameroun. En ouvrant un dialogue constructif entre le gouvernement et les membres de la diaspora, le pays peut se doter d’un environnement favorable à l’investissement et à la coopération. Cela demande une approche proactive, valorisant et intégrant les compétences et les ressources de la diaspora dans les plans de développement.
Des projets de collaboration existent déjà. Certains entrepreneurs camerounais à l’étranger ont initié des investissements dans des secteurs clés tels que l’agriculture, la technologie et la santé. Ces initiatives illustrent comment la diaspora peut jouer un rôle central dans la transformation économique du pays. En facilitant l’accès aux financements et en offrant des incitations fiscales, le gouvernement pourrait inciter encore plus de Camerounais vivant à l’étranger à contribuer au développement local.
En somme, l’influence de la diaspora camerounaise sur le développement économique est indiscutable. Toutefois, pour maximiser cet impact, il est essentiel d’adopter des politiques inclusives et de créer des mécanismes qui favorisent la participation active des Camerounais de l’étranger. La question persiste : comment le Cameroun peut-il transformer cette dynamique en une véritable opportunité de développement durable ?