Frustration des jeunes et immigration clandestine

Les racines de la frustration
La frustration qui touche les jeunes camerounais est profondément enracinée dans un contexte socio-économique compliqué. Avec un taux de chômage qui frôle les 74 %, la recherche d’emploi devient un véritable parcours du combattant. De nombreux jeunes, titulaires de diplômes, se heurtent à un marché du travail saturé, où les opportunités se font rares. Parallèlement, le salaire minimum de 41 875 FCFA par mois est insuffisant pour subvenir aux besoins quotidiens, renforçant ainsi un sentiment d’inutilité et de désespoir.
Ce climat difficile est encore aggravé par un taux d’inflation de 5,7 % en 2024, qui érode le pouvoir d’achat des ménages. Dans ce contexte, l’immigration clandestine apparaît comme une échappatoire séduisante. Les jeunes espèrent trouver des opportunités à l’étranger, en particulier au Canada. Le phénomène de l’exode des cerveaux est alarmant : les départs ont bondi de 5 200 en 2022 à 15 700 en 2023, plaçant le Cameroun au deuxième rang des pays fournissant de la main-d’œuvre au Canada, juste derrière la France.
Les conséquences de cette frustration sont multiples et souvent tragiques. Dans leur quête désespérée d’une vie meilleure, certains jeunes choisissent des chemins périlleux, parfois mortels. Le président Paul Biya, lors de son message du 10 février 2025, a souligné que cette situation peut les éloigner des valeurs morales et les inciter à adopter des comportements immoraux. Comprendre les racines de cette frustration est donc crucial pour élaborer des solutions appropriées.

Les solutions proposées
Face à cette situation alarmante, plusieurs solutions ont été proposées par le gouvernement et des acteurs de la société civile. La création d’emplois est une étape essentielle. Le gouvernement projette de mettre en place un cadre réglementaire favorisant l’embauche des primo-demandeurs d’emploi. Un répertoire national des emplois pourrait permettre aux jeunes d’accéder plus facilement aux opportunités disponibles sur le marché.
L’amélioration de la formation professionnelle est également primordiale. Les jeunes doivent être formés selon les besoins réels du marché. Cela implique l’ouverture de nouveaux centres de formation et la mise à jour des curricula. Jonas, ingénieur en agronomie, souligne que ces formations adaptées sont cruciales pour réussir dans des secteurs comme l’agriculture et l’élevage, soutenus par le président Biya.
Par ailleurs, l’entrepreneuriat se présente comme une voie prometteuse. Le président Biya met en avant des exemples inspirants de jeunes entrepreneurs comme Samuel Tony Obam Bikoue et TATA Bakary, qui ont réussi dans l’agriculture. En incitant les jeunes à explorer ces domaines, non seulement des emplois peuvent être créés, mais l’économie locale peut aussi se renforcer. De plus, l’intégration des technologies numériques dans le développement de l’auto-emploi représente une opportunité à ne pas négliger.

Engagement citoyen et prévention
L’engagement citoyen constitue un pilier clé pour atténuer la frustration des jeunes. Le président Biya a appelé les jeunes à s’impliquer activement dans le Programme de Réarmement Moral, Civique et Entrepreneurial. Ce programme vise à renforcer leur participation citoyenne, notamment par la sensibilisation à la protection civile et à la gestion des risques, faisant ainsi des jeunes des acteurs majeurs de leur avenir.
Le Ministère de l’Administration Territoriale a également lancé une campagne de sensibilisation pour encourager les jeunes à devenir des agents du changement. En les impliquant dans des initiatives locales, on peut espérer qu’ils se sentiront davantage concernés par leur pays, réduisant ainsi leur envie de chercher des solutions à l’étranger.
Ces initiatives, bien que prometteuses, nécessitent un engagement sincère de la part des autorités et des ressources adéquates pour leur mise en œuvre. La question demeure : comment garantir que ces solutions atteignent réellement ceux qui en ont le plus besoin ? Les jeunes camerounais doivent-ils continuer à chercher des opportunités hors de leur pays, ou peuvent-ils réellement espérer un avenir meilleur ici, au Cameroun ?