Exactions militaires et impunité en RDC

Contexte des violences à Kavumu et Miti
Dans la nuit du 7 au 8 février 2025, les localités de Kavumu et Miti ont été le théâtre d’une tragédie. Des militaires des Forces armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) sont accusés d’avoir commis des actes de violence inouïs. Selon la société civile, au moins neuf personnes ont perdu la vie, tandis que de nombreuses autres ont subi des violences physiques et psychologiques. Ces atrocités s’inscrivent dans un schéma plus vaste de violence systémique qui caractérise la région du Sud-Kivu.
Les témoignages des habitants, comme celui de Léonidas Tabaro, président de la société civile de Kabare, révèlent une sombre réalité. Les violences ne proviennent pas seulement de groupes armés comme le M23, mais également de ceux censés protéger la population. Cette inversion des rôles suscite une crise de confiance envers les forces de sécurité, perçues désormais comme des agents de l’agression plutôt que de la protection.
Les actes de pillage, de torture, et de meurtre montrent une indiscipline endémique au sein des FARDC. Le major Nestor Mavudisa, porte-parole de la 3e zone de défense, a reconnu ces abus et a annoncé un procès public pour juger les militaires impliqués. Pourtant, cette promesse de justice semble tardive et insuffisante face à l’ampleur des violations des droits humains.

La culture de l’impunité
L’impunité est enracinée en République Démocratique du Congo, où les violations des droits humains se déroulent souvent sans conséquences. Les militaires des FARDC, en particulier, semblent bénéficier d’une protection leur permettant d’agir en toute impunité. Les promesses de justice, comme celles du major Mavudisa, sont souvent perçues comme des gestes symboliques, sans réelle volonté de changement.
Les rapports d’organisations internationales, tels que le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, soulignent la fréquence et la systématisation des abus par les forces de sécurité. Les viols collectifs, les tortures et les meurtres sont régulièrement signalés, mais rarement sanctionnés. Cette impunité engendre un climat de peur et de désespoir chez des populations qui se sentent abandonnées.
Les événements récents à Kavumu et Miti illustrent cette détresse. Les habitants, désespérés, ont remis un mémorandum au gouverneur, exigeant le retrait des militaires sous 48 heures. Une réaction qui témoigne d’une frustration grandissante face à l’inefficacité des institutions censées garantir la sécurité et la justice. Jusqu’à quand la population devra-t-elle subir ces abus sans que des mesures concrètes ne soient prises ?

Les implications pour la paix et la sécurité
Les exactions des FARDC à Kavumu et Miti portent gravement atteinte à la paix et à la sécurité régionales. La violence systémique et l’impunité alimentent un cycle de méfiance et de désespoir susceptible d’aggraver les conflits. Des groupes armés comme le M23 exploitent cette situation pour renforcer leur pouvoir et recruter de nouveaux membres.
Virginia Gamba, Représentante spéciale de l’ONU pour les enfants et les conflits armés, exprime des préoccupations concernant la situation des enfants dans ces zones. Les violences, y compris les recrutements forcés, exposent les plus vulnérables à des abus inacceptables. La communauté internationale doit agir pour protéger ces enfants et mettre fin à cette culture d’impunité.
Il est urgent que les autorités congolaises prennent des mesures significatives pour rétablir la confiance entre la population et les forces de sécurité. Cela nécessite non seulement des sanctions à l’encontre des militaires ayant commis des actes de violence, mais également des réformes structurelles au sein des FARDC. Transparence et responsabilité doivent devenir des priorités pour éviter de futures atrocités.
Les tragédies survenues à Kavumu et Miti soulèvent des questions cruciales sur la capacité de l’État congolais à protéger ses citoyens. Comment la communauté internationale peut-elle intervenir pour mettre fin à cette spirale de violence ? Quelles réformes sont nécessaires pour garantir que les forces de sécurité respectent les droits humains ? Ces interrogations demandent une attention urgente et soutenue.