Luttes internes au sein de l’opposition camerounaise : un défi majeur

Un paysage politique fragmenté
À l’aube de l’élection présidentielle de 2025 au Cameroun, les dissensions au sein de l’opposition posent un sérieux obstacle à son unité et à sa capacité d’action. Les tensions, notamment entre le Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) de Maurice Kamto et le Parti camerounais pour la réconciliation nationale (PCRN) de Cabral Libii, illustrent une fragmentation qui pourrait jouer en faveur du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC) au pouvoir.
Lors de l’émission « Canal Presse », Fridolin Nke a exprimé son exaspération face à ces conflits internes, notant que les attaques dirigées contre Kamto érodent la force de l’opposition et réduisent ses chances de succès. Beaucoup au sein du MRC partagent ce point de vue, convaincus que ces divisions renforcent Paul Biya, le président sortant. Dans ce contexte, la nécessité d’une stratégie unifiée apparaît cruciale pour contester efficacement le pouvoir en place.
Les rivalités internes au sein du PCRN, telles que celles entre Libii et Kona, ne font qu’aggraver la situation. Robert Kona, co-fondateur du PCRN, a récemment déclaré son soutien à Biya, provoquant des tensions palpables au sein du parti. Ces conflits affaiblissent non seulement le PCRN mais véhiculent également une image de désorganisation, risquant de détourner l’électorat à la recherche de solutions plus stables.

Les conséquences des divisions sur la mobilisation électorale
Les divisions internes au sein de l’opposition se traduisent par des conséquences directes sur la mobilisation électorale. Jean-Pierre Bekolo a souligné qu’à neuf mois des élections, aucun acteur politique ne semble engagé dans la conquête du pouvoir. Les partis d’opposition se limitent à encourager l’inscription sur les listes électorales, sans initiatives concrètes sur le terrain. L’inaction actuelle pourrait aboutir à un scénario similaire à celui de 2018, où l’opposition n’a réagi qu’après les résultats, laissant le champ libre au RDPC.
Emmanuel Binyam, militant influent du MRC, appelle à l’unité des forces d’opposition, affirmant que la solidarité est primordiale pour remporter les élections. Il met en garde contre les manœuvres de division orchestrées par le RDPC, qui visent à affaiblir les groupes d’opposition. Dans ce contexte, la fragmentation réduit non seulement la capacité de l’opposition à mobiliser ses partisans, mais aussi à séduire de nouveaux électeurs, potentiellement découragés par l’absence de cohésion.
Les critiques à l’encontre des « faux opposants » qui ternissent l’image de l’opposition, comme le soutient Rodrigue Tongué, ajoutent de la complexité à la situation. En sapant les efforts des véritables leaders, ces individus renforcent la perception d’une opposition inefficace et désorganisée, qui pourrait dissuader les électeurs de participer.

Vers une nécessité d’alliance stratégique
Devant ces défis, l’urgence de tisser des alliances stratégiques au sein de l’opposition se fait chaque jour plus pressante. Des voix, comme celle de Christian Emvolo Emvolo, plaident pour une coopération entre Maurice Kamto et Cabral Libii, précisant que les luttes internes ne profitent qu’à ceux désireux de pérenniser le statu quo. Une coalition solide pourrait à la fois renforcer la voix de l’opposition et redéfinir le paysage politique camerounais en offrant une alternative crédible au RDPC.
Les appels à l’unité, notamment ceux d’Emmanuel Binyam, doivent se traduire en actions concrètes. Établir une plateforme commune où chaque parti met de côté ses rivalités au profit d’un objectif partagé pourrait s’avérer crucial. Cela requerrait des concessions de la part des leaders, mais cela pourrait également redonner espoir en la possibilité d’un changement politique significatif.
En somme, la fragmentation actuelle de l’opposition camerounaise représente un défi de taille à l’approche des élections. Non seulement cette division compromet les chances de victoire face à Paul Biya, mais elle nuit également à la confiance des électeurs dans le processus démocratique. Reste à savoir si l’opposition parviendra à surmonter ses clivages et à se présenter unie aux prochaines élections.