Conséquences du coup d’État militaire au Gabon

Impact social : entre espoir et désillusion
Le coup d’État militaire au Gabon, survenu le 30 août 2023, a provoqué des réactions ambivalentes parmi la population. Certains Gabonais applaudissent l’accession au pouvoir du Général de Brigade Brice Clotaire Oligui Nguema, nourrissant l’espoir d’un changement radical après des années sous le régime d’Ali Bongo Ondimba. Les femmes, notamment, voient en lui un leader capable de répondre à leurs aspirations. Mireille Ngoma, commerçante, observe des résultats concrets grâce au programme des Activités Génératrices de Revenus (AGR), permettant à de nombreuses entrepreneuses de revitaliser leurs affaires.
Pourtant, cet élan positif se heurte à des critiques croissantes. Des figures politiques comme Albert Ondo Ossa mettent en lumière le désenchantement de la jeunesse gabonaise, frappée par le chômage et l’absence de réformes structurelles significatives. Le discours tribaliste et clientéliste se renforce, tandis que les coupures d’électricité et les retards dans les paiements des bourses scolaires alimentent une frustration grandissante. Pour une partie de la population, l’espoir d’un avenir meilleur semble s’évaporer, laissant craindre que cette transition ne soit qu’un changement de figures au sommet de l’État.
Romuald Assogho Obiang ajoute que la justice doit être équitable pour tous les citoyens. Les dépenses publiques croissantes ne répondent pas aux besoins fondamentaux de la population. Ce mécontentement pourrait mettre à mal la stabilité sociale du Gabon, alors que les élections présidentielles approchent, prévues pour le 12 avril 2025.

Conséquences économiques : entre promesses et réalités
Économiquement, le coup d’État a engendré des changements notables, tout en posant de véritables défis. Le gouvernement de transition met en avant des projets d’infrastructure et a créé près de 10 000 emplois dans la fonction publique, perçus comme un signe positif par certains. Cependant, la situation économique du Gabon reste préoccupante. Fitch Ratings a récemment abaissé la note du pays, mettant en exergue une fragilité financière exacerbée par des arriérés de paiement et une dépendance excessive aux revenus pétroliers.
La Banque mondiale a suspendu ses financements, soulignant l’urgence d’un retour à l’ordre constitutionnel pour réintégrer le Gabon dans les circuits financiers internationaux. Les appels à des réformes économiques profondes et une gestion rigoureuse des finances publiques se multiplient. Selon Franck Djimbi, les mesures temporaires ne suffisent pas. La transition doit s’attaquer aux causes profondes de l’instabilité économique, comme la diversification des sources de revenus et la lutte contre la corruption.
Les perspectives d’avenir sont incertaines. Si le gouvernement parvient à stabiliser l’économie et à rassurer les investisseurs, une relance pourrait être envisageable. À contrario, l’absence de réformes structurelles prolongées combinée à la persistance des inégalités pourrait plonger le pays dans une crise encore plus sévère.

Vers un avenir incertain : enjeux politiques et sociaux
Alors que les élections présidentielles de 2025 approchent, le Gabon est à la croisée des chemins. Les attentes des Gabonais sont élevées. La candidature du Général Oligui Nguema soulève des interrogations quant à la militarisation de la politique et l’engagement en faveur des valeurs démocratiques. Des leaders politiques tels que Michel Ongoundou Loundah mettent en garde contre les dérives potentielles de cette transition, notamment l’accélération du calendrier électoral au bénéfice du président de la transition.
Les enjeux sont multiples. Il s’agit de restaurer la confiance des citoyens et d’assurer une transition sereine, loin d’un simple échange de visages. Les Gabonais doivent faire un choix décisif entre un redressement économique et social, accompagné de réformes réelles, ou le risque de replonger dans le chaos et l’instabilité.
Les perspectives d’avenir dépendront de la capacité du gouvernement à répondre aux attentes des citoyens, tout en garantissant une gouvernance transparente et inclusive. Cette transition doit être une occasion de bâtir un Gabon meilleur, mais elle nécessite un engagement authentique envers la démocratie et le bien-être de la population.