La Boulimie du Pouvoir au Cameroun
Une Accumulation Inquiétante
Jean-Pierre Bekolo, cinéaste et intellectuel camerounais, élève un cri d’alarme face à l’accumulation de pouvoirs chez les chefs traditionnels qui cumulent également des fonctions de ministres et de professeurs. Sur les réseaux sociaux, il qualifie ce phénomène de « boulimie du pouvoir ». Une frénésie d’accaparement qui semble sévir dans les pays post-coloniaux. Ces individus semblent chercher à s’approprier tous les types de pouvoir — traditionnel, politique, économique ou intellectuel.
Cette dynamique, selon Bekolo, dépasse le cadre local. Elle ferait écho à une histoire coloniale marquante. Dans un environnement où le pouvoir devient une forme de domination, ces chefs traditionnels-ministres-professeurs se détournent souvent de leurs réelles responsabilités. Ils ne se préoccupent pas des besoins fondamentaux de la population, mais se focalisent sur l’accumulation de privilèges.
Au cœur de cette collectivité de pouvoir se trouve un décret présidentiel qui autorise à ces dirigeants de contrôler les ressources et de bénéficier de divers avantages. Cela renforce leur hégémonie, souvent au détriment de l’intérêt public. Une telle concentration ne peut qu’interroger sur la légitimité de leurs actions. Quelles en sont les répercussions sur la gouvernance au Cameroun ?

Les Conséquences sur la Société
Les répercussions de cette accumulation de pouvoir sont multiples et préoccupantes. D’abord, une déconnexion se creuse entre les dirigeants et les réalités des citoyens. Obsédé par des intérêts personnels, ce cercle de chefs traditionnels-ministres-professeurs néglige des problématiques cruciales telles que la pauvreté, l’éducation ou la santé. Cette indifférence nourrit un sentiment de méfiance envers les institutions.
Par ailleurs, une culture d’impunité s’installe. La position de ces dirigeants leur accorde une liberté d’action sans crainte de rendre des comptes. Ce climat propice à la corruption et au favoritisme ébranle les bases de la démocratie ainsi que de l’État de droit. Les citoyens, face à cette impasse, se retrouvent désarmés, affectant la cohésion sociale et la stabilité politique.
Enfin, Bekolo note que cette quête de pouvoir est souvent liée à un besoin d’affirmer une autorité, généré par un héritage colonial profondément ancré. Les dirigeants, en se positionnant, perpétuent des schémas d’oppression qui renforcent les inégalités et les injustices au sein de la société.
Vers un Changement Nécessaire
Confronté à cette situation alarmante, Bekolo appelle à une réflexion approfondie sur les motivations de cette accumulation de pouvoir. Il plaide pour un changement de récit, où l’Afrique pourrait se retrouver au centre de ses propres préoccupations, loin des modèles extérieurs. Une telle introspection est essentielle si l’on souhaite que les dirigeants soient véritablement au service de leur peuple.
Il est impératif que les citoyens prennent conscience de ces dynamiques. Ils doivent exiger des comptes de leurs dirigeants. La mobilisation de la société civile et des mouvements citoyens pourrait s’avérer cruciale dans cette lutte contre la « boulimie du pouvoir ». Promouvoir une culture de transparence et de responsabilité pourrait restaurer la confiance entre gouvernants et gouvernés.
En somme, la critique de Bekolo révèle des enjeux qui transcendent le cadre camerounais. Elle interpelle sur la nature même du pouvoir, la responsabilité des dirigeants et le rôle actif des citoyens dans l’édification d’une société plus juste. Comment, en tant que société, réinventer notre rapport au pouvoir pour qu’il soit au service d’un intérêt collectif ?

Une Accumulation Inquiétante
