Nairobi en quête d’un tournant décisif face à l’escalade du conflit
Le Kenya s’apprête à accueillir un sommet extraordinaire de la Communauté d’Afrique de l’Est (CAE), alors que la crise sécuritaire dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC atteint un seuil critique. Cette rencontre, qui réunira notamment les présidents congolais Félix Tshisekedi et rwandais Paul Kagame, s’annonce comme une épreuve diplomatique majeure pour la région.
Un sommet sous haute tension

Alors que la ville stratégique de Goma se retrouve de nouveau sous la menace des combats, la détérioration rapide de la situation humanitaire impose une réponse urgente. La résurgence des affrontements entre les Forces armées de la RDC (FARDC) et les rebelles du M23, que Kinshasa accuse d’être soutenus par Kigali, a ravivé les tensions entre les deux voisins.
Dans ce contexte explosif, le Kenya, qui joue un rôle clé dans la médiation régionale, tente de réunir les protagonistes autour d’une table de négociation. Le président William Ruto, soucieux d’affirmer le leadership diplomatique de Nairobi en Afrique de l’Est, cherche à éviter une guerre régionale aux conséquences imprévisibles.
Des positions irréconciliables ?

Si Félix Tshisekedi et Paul Kagame seront présents, les espoirs d’un véritable rapprochement restent minces. Kinshasa exige un retrait immédiat du M23 des territoires conquis et une reconnaissance du rôle du Rwanda dans l’aggravation de la crise. De son côté, Kigali rejette ces accusations et dénonce une instrumentalisation politique du conflit par la RDC.
Les précédentes tentatives de paix, qu’elles soient sous l’égide de la CAE ou du processus de Luanda, ont échoué à produire des avancées durables. Cette fois-ci, la pression internationale est plus forte : les États-Unis et l’Union européenne, conscients du risque d’embrasement, exhortent à une solution négociée et envisagent de nouvelles sanctions contre les acteurs du conflit.
Les enjeux du sommet

Au-delà des rivalités entre Kinshasa et Kigali, ce sommet pourrait redéfinir le rôle de la CAE dans la gestion des crises régionales. L’organisation a déjà déployé une force militaire conjointe en RDC, mais son efficacité reste contestée. Nairobi cherche désormais à impulser une nouvelle dynamique, qui pourrait inclure des mécanismes de surveillance renforcés et une pression diplomatique accrue sur le Rwanda.
Le sommet de Nairobi sera donc un test majeur pour la capacité de l’Afrique de l’Est à gérer ses propres conflits. Mais sans concessions de part et d’autre, le spectre d’une intensification des combats dans le Kivu demeure une sombre réalité.