Divisions et responsabilités au sein de l’opposition camerounaise

Un paysage politique fragmenté
Le Cameroun, sous le régime de Paul Biya, voit une opposition politique divisée, malgré son désir de changement. Les tensions internes au sein des partis d’opposition, telle la division marquée entre le Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC) et le Parti Camerounais pour la Réconciliation Nationale (PCRN), illustrent cette fragmentation. Les critiques abondent, révélant rivalités personnelles et ambitions individuelles. Cette situation fragilise l’action collective.
Dr Jean Crépin Nyamsi souligne que cette impasse ne peut être attribuée uniquement au Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC). Les militants eux-mêmes portent une part de responsabilité. Il déplore le manque de préparation et la résignation face à la manipulation par des leaders politiques. Cette analyse est partagée par Denis Emilien Atangana, qui met en avant le manque de cohésion et de sérieux au sein des politiciens d’opposition.
Les fractures au sein de l’opposition sont exacerbées par des rivalités historiques. Par exemple, le MRC, sous la direction de Maurice Kamto, se voit critiqué pour son approche individualiste, tandis que le PCRN semble coincé, incapable de se distancier du pouvoir. Cette dynamique engendre un climat de méfiance, rendant difficile toute forme de coalition ou d’alliance stratégique.

Les enjeux de l’unité et de la stratégie
Malgré les appels fréquents à l’unité, les actions concrètes font défaut. Célestin Djamen, président de l’Alliance Patriotique et Républicaine (APAR), critique l’absence d’unité autour d’un candidat commun. Les égos démesurés des dirigeants représentent un obstacle majeur. Cette incapacité à surmonter les rivalités a conduit à des échecs retentissants lors des élections précédentes.
Les critiques ne concernent pas uniquement les problèmes internes. Abel Elimbi Lobe, leader de Kawtal, accuse le MRC de nuire à la lutte collective contre le régime. Cette accusation souligne que certaines ambitions partisanes compromettent les efforts globaux de l’opposition. D’autre part, des figures comme Joseph Emmanuel Ateba du MRC insistent sur l’importance d’actions concrètes, plutôt que sur des débats stériles concernant le code électoral.
Le management stratégique est également essentiel. Les leaders doivent s’unir et concevoir un plan d’action mobilisateur. Atangana évoque l’urgence de rassembler un nombre critique d’électeurs en vue des prochaines élections, insistant sur le besoin de se concentrer sur l’inscription plutôt que sur les querelles internes. Une approche pragmatique pourrait être la clé pour renverser la tendance actuelle et offrir une alternative crédible au RDPC.

Vers une responsabilité collective
La responsabilité de l’opposition va au-delà de la critique du régime. Les leaders doivent également répondre à leurs électeurs et militants. Nyamsi appelle à une prise de conscience collective, affirmant que le peuple doit prendre son destin en main. Cette notion de responsabilité est vitale pour renforcer la légitimité de l’opposition et mobiliser les citoyens vers un projet commun.
Si les divisions internes persistent, elles risquent de maintenir le RDPC au pouvoir. Les appels à l’unité doivent être accompagnés d’actions concrètes et d’un dialogue franc entre partis. Les leaders doivent dépasser leurs ambitions personnelles et se concentrer sur l’intérêt commun. Une coalition solide, suggérée par Cabral Libii, pourrait renforcer la position de l’opposition face au pouvoir.
En somme, l’opposition camerounaise se trouve à un tournant décisif. Pour envisager une alternative politique réelle, il est impératif de surmonter les divisions et rivalités internes. Les leaders doivent s’engager à collaborer, non seulement pour leurs intérêts, mais aussi pour le bien-être du peuple camerounais. La question demeure : l’opposition parviendra-t-elle à transcender ces divisions et à se présenter comme une force unie face au RDPC lors des prochaines élections ?