Un signal fort pour la présidentielle d’octobre
Abidjan – À moins de dix mois de l’échéance cruciale de l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire, Alassane Ouattara, président de la République, frappe un grand coup en annonçant le retour de Philippe Serey-Eiffel comme ministre auprès de la Présidence. Ce come-back stratégique, qui fait grincer des dents dans certains cercles politiques, s’inscrit dans une série de manœuvres visant à resserrer les rangs autour du chef de l’État et à renforcer sa position à la veille d’un scrutin qui s’annonce déterminant pour l’avenir du pays.
Une nomination qui ne passe pas inaperçue

Discret mais influent, Philippe Serey-Eiffel, ancien ministre et homme de confiance d’Alassane Ouattara, avait quitté le gouvernement en 2021 après des différends internes, marquant une pause dans une carrière politique étroitement liée au Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP). Son retour est perçu comme un geste d’apaisement envers certaines franges du parti, mais aussi comme une réponse aux défis croissants de l’opposition.
L’homme, connu pour son pragmatisme et ses talents de négociateur, devra épauler le président dans un contexte marqué par des tensions politiques et sociales. Les récentes déclarations des leaders de l’opposition, Laurent Gbagbo et Henri Konan Bédié, appellent à une vigilance accrue sur les conditions d’organisation des élections.
Un contexte électoral sous tension

La présidentielle d’octobre 2025 s’annonce comme un véritable test de résilience pour la Côte d’Ivoire, toujours marquée par les blessures des crises post-électorales de 2010 et 2020. Les défis sont multiples : renforcer la confiance dans les institutions, garantir des élections transparentes et inclusives, et apaiser les clivages ethniques et régionaux.
Avec cette nomination, Alassane Ouattara semble vouloir envoyer un signal clair : il est prêt à consolider son équipe avec des figures expérimentées capables de naviguer dans les eaux troubles d’un processus électoral sensible. Philippe Serey-Eiffel, à la fois technocrate chevronné et fin stratège, apparaît comme une pièce maîtresse dans cette équation.
Des réactions contrastées

Si les partisans du pouvoir saluent une décision « judicieuse et visionnaire », l’opposition ne cache pas ses inquiétudes. « Ce retour montre que le RHDP est dans une logique de verrouillage du système », estime un cadre proche de l’opposition, sous couvert d’anonymat. D’autres y voient une tentative de désamorcer les critiques croissantes sur la gouvernance du pays.
Quoi qu’il en soit, ce coup politique pourrait redessiner le paysage à l’approche des élections. Alors que la communauté internationale scrute attentivement les préparatifs, la Côte d’Ivoire semble entrer dans une phase où chaque décision politique sera cruciale pour maintenir la stabilité et préserver les acquis d’une décennie de croissance économique.
L’équation ivoirienne, entre défis et espoirs
Pour Philippe Serey-Eiffel, le défi est clair : accompagner Alassane Ouattara dans une transition électorale réussie et préserver l’unité d’un RHDP parfois fracturé. Mais au-delà de la politique politicienne, c’est tout un peuple qui aspire à des élections apaisées, loin des démons du passé.
Le retour de Serey-Eiffel est-il une garantie de stabilité ou un calcul politique risqué ? Une chose est sûre : la Côte d’Ivoire entre dans une période décisive où chaque geste, chaque parole, chaque nomination comptera.
Par Prince Bertoua, journaliste Africacoeurnews