Conséquences de la suspension des ONG au Cameroun

Impact immédiat sur les survivantes de violences
La suspension des ONG au Cameroun, annoncée par le ministre de l’Administration territoriale, Paul Atanga Nji, a des conséquences directes et alarmantes pour les femmes victimes de violences basées sur le genre. Ces structures offrent des services essentiels comme l’hébergement temporaire, le soutien en santé mentale et l’assistance juridique, souvent indispensables pour les survivantes. Leur disparition plonge ces femmes dans une vulnérabilité extrême, les coupant d’un accès vital à l’aide.
De récents témoignages recueillis par Human Rights Watch révèlent que, suite à la fermeture des ONG, plusieurs survivantes se retrouvent à la rue, exposées à de nouveaux dangers. La perte des services ne se limite pas à l’hébergement ; elle inclut également l’absence de soutien psychologique et d’accompagnement administratif, rendant le chemin de la guérison encore plus ardu.
Cette suspension engendre également un climat d’angoisse et d’incertitude parmi les femmes, qui hésitent à dénoncer des abus, par peur de ne trouver aucun soutien. Ce recul est préoccupant pour la lutte contre les violences faites aux femmes, qui exige une approche intégrée et accessible.

Conséquences sur les politiques publiques et la volonté politique
La suspension des ONG soulève des interrogations sur la réelle détermination du gouvernement camerounais à combattre les violences basées sur le genre. Malgré les stratégies nationales mises en place en 2011, 2016 et 2022, le manque de ressources consacrées à leur mise en œuvre met en lumière une désunion entre discours et actions. La fermeture des ONG révèle un déficit de coordination et d’engagement pour la protection des droits des femmes.
Les spécialistes en droits humains notent que cette situation est symptomatique d’une tendance inquiétante dans la gouvernance du pays, où les mesures répressives prennent souvent le pas sur les initiatives de soutien. Suspendre les ONG peut sembler être un moyen de rendre les problèmes de violence de genre moins visibles, plutôt que de les traiter de manière proactive. Cela soulève une question cruciale : le gouvernement est-il véritablement engagé dans la lutte contre la violence faite aux femmes, ou cherche-t-il à faire taire les voix qui alertent sur ces abus ?
De plus, cette dynamique pourrait miner la confiance des organisations internationales et des bailleurs de fonds envers le gouvernement camerounais, compliquant ainsi le financement des programmes de soutien aux droits des femmes. À long terme, cela pourrait entraver la réponse du pays aux besoins des survivantes.
Perspectives d’avenir et appel à l’action
Dans ce contexte de crise, il est crucial que la communauté internationale et les organisations de défense des droits humains redoublent d’efforts pour soutenir les survivantes de violences basées sur le genre au Cameroun. Cela pourrait passer par des campagnes de sensibilisation, rappelant au gouvernement ses obligations en matière de droits humains et l’urgence de protéger les femmes. Rétablir le dialogue entre le gouvernement et les ONG est également essentiel pour développer des solutions durables.
Les voix des survivantes doivent être entendues et intégrées dans l’élaboration des politiques. Les ONG ne se contentent pas de fournir un soutien direct ; elles jouent aussi un rôle clé dans la collecte de données et la sensibilisation concernant les violences de genre. Leur expertise est indispensable pour créer des programmes adaptés aux besoins spécifiques des femmes.
Enfin, il est vital que les Camerounais s’engagent dans cette lutte. L’activation de la société civile, des mouvements féministes et des citoyens peut générer une pression suffisante pour inciter le gouvernement à revoir sa position. La question demeure : comment, en tant que société, pouvons-nous garantir que les droits des femmes soient respectés et protégés au Cameroun ?