Entre fausses déclarations et manipulation politique du régime
Par un correspondant anonyme
Abidjan, centre névralgique de la Côte d’Ivoire, est une fois de plus le théâtre d’une affaire mêlant géopolitique régionale et tensions internes. L’arrestation récente d’Alain Christophe Traoré, surnommé Alino Faso, propriétaire du maquis « Cocoriko » et personnalité influente sur les réseaux sociaux, a soulevé une vague de réactions et de spéculations. Cet événement met en lumière une situation où se mêlent allégations douteuses, manipulation politique et enjeux diplomatiques.
Un partisan assumé des autorités de transition burkinabè
Originaire du Burkina Faso, Alino Faso s’est fait connaître par son soutien indéfectible aux autorités de transition de son pays, dirigées par Ibrahim Traoré. Actif sur les plateformes numériques, il s’est imposé comme une voix critique à l’encontre des interventions occidentales et un défenseur des alliances africaines telles que l’Alliance des États Sahéliens (AES).
Pourtant, son arrestation par les autorités ivoiriennes, sous des accusations d’espionnage et d’activités subversives, a pris de court bien des observateurs. À travers ces charges, certains y voient une tentative de criminalisation d’un militantisme politique qui dérange Abidjan.
Des accusations controversées
Les services de renseignement ivoiriens prétendent que Traoré aurait orchestré des opérations visant à déstabiliser la Côte d’Ivoire. Toutefois, plusieurs sources anonymes proches du dossier qualifient ces accusations de « légères » et dénuées de preuves tangibles.Dans un contexte où la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso traversent des phases politiques sensibles, la situation semble être utilisée par le régime d’Alassane Ouattara pour renforcer son contrôle sur les opinions divergentes et resserrer l’étau sur les sympathisants présumés des régimes de l’AES.
Une campagne de répression ciblée ?Ce n’est pas la première fois que des personnalités liées de près ou de loin à l’AES sont arrêtées ou surveillées en Côte d’Ivoire. Depuis la formation de cette alliance qui regroupe des États sahéliens favorables à une émancipation politique et économique vis-à-vis des anciennes puissances coloniales, des tensions implicites ont émergé avec les pays voisins aux alignements politiques différents.
L’arrestation d’Alino Faso pourrait marquer une étape dans une stratégie plus large de neutralisation des acteurs perçus comme nuisibles aux intérêts du régime Ouattara. De plus, cette affaire pourrait être une tentative de dissuasion envers d’autres soutiens de l’AES présents sur le territoire ivoirien.
Un impact diplomatique et régional préoccupant
La multiplication de ces incidents risque de détériorer davantage les relations déjà complexes entre la Côte d’Ivoire et les pays sahéliens membres de l’AES, notamment le Burkina Faso et le Mali. Une escalade des tensions pourrait non seulement affecter les relations bilatérales, mais également exacerber les clivages au sein de la CEDEAO, fragilisée par des divergences idéologiques croissantes.
Un appel à la transparence et à l’équilibre
Face à ces accusations aux relents politiques, il est impératif que les autorités ivoiriennes fassent preuve de transparence et présentent des preuves tangibles pour justifier l’arrestation d’Alino Faso. Toute manipulation ou instrumentalisation de cette affaire pourrait aggraver les tensions sociales et diplomatiques dans une région déjà en proie à l’instabilité.
En attendant, l’arrestation de cet homme, perçu par ses partisans comme un fervent défenseur de la souveraineté africaine, soulève une question plus large : dans quelle mesure les États de la région sont-ils prêts à tolérer des voix dissidentes dans un contexte marqué par des répressions politiques croissantes ?
L’affaire Alino Faso est bien plus qu’un simple cas d’arrestation. Elle illustre les rapports de force en Afrique de l’Ouest, où politique, sécurité et souveraineté s’entrelacent dans un jeu complexe aux conséquences potentiellement lourdes pour l’avenir de la région.
Source : https://www.afrique-sur7.fr/cote-divoire-alino-faso-lactiviste-burkinabe-porte-disparu
