Un appel à la retraite : le contexte de l’intervention
Ce 25 décembre 2024, Monseigneur Samuel Kleda, archevêque de Douala, a fait trembler les fondements du Cameroun en appelant le président Paul Biya à envisager une retraite d’ici 2025. Lors d’une interview sur Radio France International, il a plaidé pour une transition pacifique et des élections respectant les normes démocratiques. À l’aube de ses 92 ans et après plus de quarante ans de pouvoir, Biya est au cœur d’un débat brûlant sur la pérennité de son mandat.
Ce discours de Kleda intervient dans un climat politique déjà tendu, marqué par des interrogations croissantes sur la gouvernance et la succession. Les critiques envers le régime de Biya sont de plus en plus fréquentes, et l’archevêque n’a pas hésité à prendre le risque de se prononcer sur un sujet aussi sensible. Son appel à la démocratisation du processus électoral est perçu comme un cri du cœur pour un pays frappé par des crises économiques et sociales persistantes.
Les propos de Kleda révèlent également une réalité politique complexe : la fragmentation au sein de l’appareil gouvernemental. Si certains soutiennent l’idée d’une retraite pour Biya, d’autres, même dans son propre parti, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), restent réticents à cette idée.
Les soutiens et critiques des politiques camerounais
Les réactions suscitées par l’appel de Kleda ont été variées au sein de la classe politique camerounaise. Le député Jean Michel Nintcheu a rapidement apporté son soutien aux propos de l’archevêque, arguant que Biya devrait envisager une retraite bien méritée. Pour lui, une nouvelle candidature de Biya serait une « provocation », révélant que le pays n’est plus réellement dirigé, désormais sous l’influence de divers clans. Cette position met en lumière une fracture grandissante au sein du RDPC, où certains membres remettent en question l’autorité de leur président.
En revanche, le ministre du Travail et de la Sécurité sociale, Grégoire Owona, a réagi avec une certaine méfiance. Décrivant Kleda comme un « homme politique peu accompli », il a minimisé l’impact de ses déclarations. Owona a souligné que la stratégie du RDPC est de patienter jusqu’à la fin du mandat de Biya afin de connaître sa décision pour une éventuelle nouvelle candidature. Cette approche traduit une volonté de conserver le statu quo face à une pression grandissante pour un changement.
Ces réactions contrastées témoignent de la polarisation qui règne au sein du paysage politique camerounais. D’un côté, des voix s’élèvent en faveur d’un changement, tandis que d’autres défendent le maintien de Biya au pouvoir, malgré son âge avancé et les défis colossaux que le pays doit relever.
Les implications d’une éventuelle candidature de Biya
La question d’une candidature de Paul Biya en 2025 soulève des inquiétudes majeures pour l’avenir politique du Cameroun. Si Biya décidait de se représenter, cela pourrait intensifier les tensions au sein d’une population en quête de renouveau. Les élections de 2025 risquent de devenir un véritable point de rupture, tant pour le RDPC que pour l’ensemble du pays.
Les experts partagent l’avis qu’une candidature de Biya pourrait être considérée comme une provocation, tant par l’opposition que par des membres de son propre camp. La jeune génération, de plus en plus représentée dans l’électorat, se montre particulièrement désillusionnée par le manque d’opportunités. Une prolongation du mandat pourrait bien les inciter à se mobiliser massivement, entraînant ainsi des manifestations et des troubles sociaux.
De surcroît, la communauté internationale suit de près la situation au Cameroun. Les appels à une transition pacifique et à des élections libres résonnent avec les attentes des partenaires étrangers. Une candidature de Biya pourrait non seulement compromettre ces relations diplomatiques, mais aussi être perçue comme un recul en matière de démocratie.