Un retour tant attendu sur les ondes
Le 7 mai 2024, Africa N°1 a enfin fait son grand retour, après une suspension de huit ans. Ce moment, profondément ressenti par un public nostalgique, a ravivé les souvenirs d’une station emblématique créée en 1981. Portée par le succès du programme spécial Dialogue national inclusif, la radio a pu redémarrer avec une programmation initiale de trois heures par jour, ampliée par la suite à six heures.
Les équipes d’Africa N°1, composées de journalistes, animateurs et techniciens, ont travaillé sans relâche sur une nouvelle grille des programmes. Parmi les retours salués, la reprise d' »Aventure mystérieuse », animée par Patrick Nguéma Ndong, a particulièrement marqué les esprits. Cette renaissance est perçue comme un symbole d’espoir après des années d’incertitude et de difficultés financières.
La réhabilitation des studios et des bureaux à Libreville, lancée en mars 2024, témoigne de l’engagement des autorités de la transition à restaurer ce symbole de la communication panafricaine. Cependant, le fait que les émissions soient produites depuis des studios temporaires soulève des interrogations sur la durabilité de cette dynamique.
Les défis persistants de la relance
Pourtant, malgré ce retour, l’avenir d’Africa N°1 demeure incertain. Les promesses de renouveau formulées par les autorités de la transition, notamment lors de la conférence de presse du 22 novembre 2024, semblent de plus en plus lointaines. Laurence Ndong, ministre de la Communication, a tenté d’apaiser les inquiétudes en indiquant que les agents recevaient leurs salaires avec du retard depuis 2008. Pourtant, les conditions de travail restent difficiles, et les arriérés de salaire continuent d’affecter le moral des employés, souvent laissés à l’abandon.
La radio, qui a souffert d’un déclin significatif suite à la sortie de la France de son capital au début des années 2000, fait face à une concurrence de plus en plus forte dans le paysage médiatique africain. Les attentes des auditeurs pour un contenu varié et engageant se heurtent à une programmation dominée par la musique, éloignant Africa N°1 de sa mission d’origine.
Par ailleurs, l’absence de couverture des événements majeurs, comme le récent référendum constitutionnel, émet des doutes sur la capacité de la radio à redevenir une source d’information fiable en Afrique. Les retards dans la rénovation de son siège social alimentent également les suspicions quant à l’engagement des autorités à garantir la pérennité de la radio.
Un avenir incertain mais prometteur
Le 4 juin 2024, le Général Brice Clotaire Oligui Nguema, Président de la Transition, a affirmé son intention de restaurer Africa N°1 lors d’une rencontre à Paris. Cette annonce a ravivé l’espoir parmi les employés et les auditeurs, qui perçoivent cette initiative comme une chance de redorer le blason de la radio. Oligui Nguema a souligné l’importance de ce projet pour le pays et les mesures nécessaires pour assurer la pérennité d’Africa N°1.
Le gouvernement a prévu un budget de 368 millions de francs CFA pour soutenir la radio dans le cadre de la loi de finances de 2024. Bien que cette décision soit accueillie positivement, elle doit être suivie d’actions concrètes pour répondre aux attentes des employés et des auditeurs. La création d’un groupe de travail apparaît comme un pas dans la bonne direction, mais reste à voir si cela conduira à des résultats tangibles.
La relance d’Africa N°1 est donc un chemin semé d’embûches, entre espoirs et réalités difficiles. Alors que la radio tente de retrouver sa place sur la scène médiatique, des questions subsistent quant à sa viabilité à long terme. Les promesses de renouveau seront-elles concrétisées ? Les auditeurs retrouveront-ils une radio à la hauteur de leurs attentes ? L’avenir d’Africa N°1 reposera sur la capacité des autorités à transformer leurs engagements en actions efficaces et durables.
