Contexte politique et économique
Depuis son accession à la présidence de la République Démocratique du Congo (RDC) le 24 janvier 2019, Félix Antoine Tshisekedi a hérité d’un pays en proie à des défis politiques et économiques majeurs. Son mandat a débuté dans un contexte de coalition complexe avec le Front Commun pour le Congo (FCC), l’ancien parti de Joseph Kabila, qui a souvent entravé ses réformes. Malgré ces obstacles, Tshisekedi a exprimé sa volonté de « déboulonner le système dictatorial » en place, une déclaration qui a suscité des espoirs de changement parmi la population.Sur le plan économique, la RDC demeure l’un des pays les plus pauvres du monde, avec un revenu moyen de 457 dollars par habitant. La pandémie de Covid-19 a exacerbé les difficultés économiques, entraînant une inflation record de 15,756 % en 2020. Toutefois, des engagements internationaux, notamment de la Banque mondiale et du FMI, ont permis d’injecter des fonds dans l’économie, avec des réserves de change atteignant 3,3 milliards de dollars en 2021. Malgré cela, les bénéfices de ces interventions tardent à se faire sentir pour la population, qui continue de faire face à la pauvreté et à l’insécurité alimentaire.Les promesses de Tshisekedi, telles que la gratuité de l’enseignement de base, ont permis à environ 2,5 millions d’enfants de retourner à l’école, mais des défis subsistent, notamment en matière d’infrastructures scolaires et de conditions d’enseignement. La question de la corruption reste également centrale, avec des institutions comme l’Inspection Générale des Finances (IGF) qui peinent à faire des avancées significatives.
Réformes et réalisations
Au cours de son mandat, Tshisekedi a mis en œuvre plusieurs réformes notables. En juillet 2020, il a promulgué des ordonnances visant à réformer l’armée et la justice, des domaines souvent critiqués pour leur manque d’efficacité. La démission de Benoît Lwamba Bindu, président de la Cour Constitutionnelle, a également marqué un tournant dans la lutte pour une justice indépendante. Malgré ces efforts, les résultats sont mitigés, et la création d’une juridiction spécialisée pour lutter contre la corruption n’a pas encore vu le jour.En matière d’infrastructures, plusieurs projets ont été lancés, tels que la construction de 152 écoles et 42 centres de santé, ainsi que la réhabilitation de routes et d’hôpitaux. Cependant, les conflits armés persistants dans l’est du pays, notamment avec des groupes comme les Forces Démocratiques Alliées (ADF), ont entravé le développement de certaines régions. L’état de siège instauré dans le Nord-Kivu et l’Ituri témoigne de la gravité de la situation sécuritaire, qui demeure une préoccupation majeure pour le président.Sur le plan diplomatique, Tshisekedi a redynamisé la présence de la RDC sur la scène internationale, en plaidant pour des financements en faveur de l’Afrique lors de sommets internationaux. Sa présidence de l’Union africaine en 2021 a également permis de renforcer les relations avec des pays comme les États-Unis et l’Union européenne, bien que les résultats concrets de ces efforts restent à évaluer.
Défis et perspectives d’avenir
Malgré les avancées réalisées, le bilan à mi-parcours de Félix Tshisekedi est entaché par des promesses non tenues et des défis persistants. Un rapport d’une coalition d’organisations de la société civile, publié en novembre 2023, souligne que plusieurs engagements, notamment la fermeture des cachots clandestins de l’Agence nationale des renseignements (ANR), n’ont pas été respectés. Les conditions de détention dans ces lieux demeurent inacceptables, et des cas de torture continuent d’être signalés.La confiance du peuple congolais envers son président a également diminué. Un sondage réalisé en avril 2023 révèle que près de 60 % des Congolais estiment que le pays va dans la mauvaise direction. Les critiques se concentrent sur la gestion de la corruption, la pauvreté et l’insécurité, des problèmes qui persistent malgré les promesses de changement. La popularité de Tshisekedi a chuté, passant de 63 % en mars 2019 à 35,66 % en janvier 2023, ce qui témoigne d’un désenchantement croissant au sein de la population.À l’approche des élections générales prévues pour le 20 décembre 2023, Tshisekedi devra redoubler d’efforts pour répondre aux attentes de la population et concrétiser ses promesses. La question de la bonne gouvernance, de la lutte contre la corruption et de la sécurité sera cruciale pour sa réélection. Les défis sont nombreux, mais la volonté de changement exprimée par le président pourrait encore permettre d’initier des réformes significatives si des mesures concrètes sont mises en œuvre rapidement.