Bujumbura exige le retrait des forces rwandaises
New York, ONU – L’heure n’est plus aux discours, mais aux décisions. C’est le message fort lancé par le Burundi au Conseil de Sécurité des Nations Unies. Lors d’une session tendue sur la situation en République Démocratique du Congo (RDC), la délégation burundaise a exigé avec fermeté le retrait immédiat des forces rwandaises du territoire congolais.
« Le moment est venu pour que les paroles cèdent la place à des actes concrets. Combien de rapports faut-il pour que le Conseil de Sécurité prenne ses responsabilités ? Nous exigeons le retrait des forces rwandaises de la RDC ! »

Ces mots, incisifs et sans équivoque, résonnent comme un ultimatum adressé aux grandes puissances, accusées d’inaction face à l’instabilité persistante dans l’est du Congo.
Une dénonciation qui fait écho aux tensions régionales
Le Burundi n’est pas le premier pays à dénoncer l’ingérence présumée du Rwanda dans la crise congolaise. Kinshasa accuse Kigali de soutenir le groupe armé du M23, qui mène des offensives meurtrières dans le Nord-Kivu. Malgré des rapports accablants des experts de l’ONU établissant un lien entre Kigali et cette rébellion, le Conseil de Sécurité peine à imposer des sanctions fermes.

La position burundaise s’inscrit dans un climat de tensions grandissantes entre les pays de la région des Grands Lacs. Longtemps resté discret sur le sujet, Bujumbura semble désormais décidé à jouer un rôle plus actif dans la recherche de solutions. Un revirement stratégique qui intervient alors que le Burundi participe, aux côtés d’autres États de la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC), aux initiatives de pacification dans l’est congolais.
L’inaction de l’ONU en question
Depuis plusieurs années, la communauté internationale est critiquée pour son immobilisme face à la détérioration de la situation en RDC. Les rapports successifs d’experts indépendants et d’organisations humanitaires dénoncent la présence de forces étrangères, la prolifération des groupes armés et les violations massives des droits de l’homme. Pourtant, les condamnations restent symboliques, et les appels à des actions concrètes se heurtent aux jeux d’influence des puissances mondiales.

La déclaration du Burundi met ainsi le Conseil de Sécurité face à ses contradictions. Alors que l’ONU continue d’appeler au respect de l’intégrité territoriale de la RDC, son incapacité à imposer une pression diplomatique réelle sur le Rwanda alimente un sentiment de frustration croissant parmi les États africains.
Vers un changement d’approche ?
Face à cette montée des tensions, la diplomatie africaine tente de reprendre la main. L’Angola, qui joue un rôle de médiateur entre Kinshasa et Kigali, a multiplié les efforts pour favoriser le dialogue. Mais les derniers développements montrent que la patience de certains pays s’épuise. Le ton employé par le Burundi à l’ONU illustre cette bascule vers une approche plus frontale.
Reste à savoir si cette pression accrue sur le Conseil de Sécurité suffira à faire évoluer la situation. Entre les intérêts géopolitiques et la réalité du terrain, la paix en RDC reste suspendue à des décisions qui, pour l’instant, tardent à venir.