Défis d’accès aux services publics dans les zones rurales du Cameroun

Accès à l’électricité : un enjeu crucial
Au Cameroun, l’accès à l’électricité est un défi considérable pour les communautés rurales. Environ 75 % des habitants vivent sans électricité, malgré leur proximité avec le réseau national. Cette lacune entrave non seulement l’accès à des services essentiels, mais impacte également la qualité de vie et la dynamique économique locale.
Un autre obstacle majeur demeure le coût élevé de l’électricité. Les tarifs, parmi les plus élevés de la région, rendent difficile pour de nombreuses petites entreprises et ménages de payer leurs factures. Ce phénomène crée un cercle vicieux où le manque d’électricité freine le développement économique, décourageant ainsi les investissements dans les infrastructures nécessaires.
Les répercussions de cette insuffisance sont particulièrement visibles dans le secteur de la santé. Les centres médicaux, comme celui de Batchenga, affichent une fréquentation faible due à l’absence d’électricité, compromettant ainsi leur capacité à offrir des soins adéquats. Les patients, souvent contraints de parcourir de longues distances pour obtenir des soins, se retrouvent dans une situation précaire, aggravée par l’inefficacité des infrastructures existantes.

Centralisation des services : un frein à l’efficacité
La centralisation des services publics à Yaoundé nuit à l’accès des populations rurales à divers services. Cette situation engendre des lenteurs administratives et des inefficacités dans la gestion publique, rendant la réponse aux besoins des communautés locales laborieuse.
Un exemple frappant est la gestion du matériel de génie civil. La centralisation au Parc National de Matériel de Génie Civil (PNMGC) a retardé l’entretien des routes, provoquant des tensions palpables parmi les populations face à l’état déplorable des infrastructures. Par ailleurs, le transfert de la gestion de l’eau à la Société Nationale des Eaux du Cameroun (SNEC) a suscité des mécontentements à Kumbo, où la réduction des bornes fontaines a failli provoquer des émeutes.
Ces situations illustrent comment la centralisation exacerbe les frustrations, particulièrement dans les régions anglophones, souvent considérées comme marginalisées. Les promesses de développements formulées lors de la réunification de 1961 n’ont pas été respectées, alimentant un sentiment d’injustice au sein de ces communautés.

Défis culturels et linguistiques : une réalité à prendre en compte
Les différences culturelles et linguistiques présentent un autre obstacle dans l’accès aux services publics au Cameroun. Les populations anglophones, en particulier, ressentent souvent une forme de marginalisation dans un système dominé par la langue française. Cette situation génère des obstacles à la communication et à l’accès, intensifiant ainsi les tensions entre les communautés.
Les agents publics, souvent peu accueillants envers les anglophones, ne font qu’aggraver cette réalité. Les frustrations découlant de la centralisation et de la gestion des services sont perçues différemment selon les groupes linguistiques, soulignant ainsi la nécessité d’une approche inclusive, respectueuse des spécificités culturelles de chaque région.
Pour contourner ces défis, il est impératif que le gouvernement camerounais, en collaboration avec des acteurs internationaux comme la Banque Mondiale, implante des stratégies adaptées. Cela pourrait passer par la décentralisation des services publics, une amélioration des infrastructures et un effort de sensibilisation accrue des populations aux nouvelles modalités d’accès.
Les défis d’accès aux services publics auxquels font face les populations rurales du Cameroun soulèvent des questions cruciales sur l’équité et l’efficacité des politiques publiques. Comment garantir un accès équitable aux services pour tous, indépendamment de leur localisation ou de leur langue ? Quelles mesures doivent être mises en œuvre pour répondre aux besoins spécifiques des communautés rurales et anglophones ? Ces interrogations méritent une attention particulière pour bâtir un avenir inclusif et durable pour le Cameroun.


