Par Prince Bertoua, Africacoeurnews
Depuis plus d’une décennie, la République Démocratique du Congo (RDC) subit une série de conflits dévastateurs dans sa partie orientale. Parmi les acteurs de ces violences, le groupe rebelle M23, longtemps dénoncé pour ses atrocités, continue de semer le chaos. Malgré les condamnations de la communauté internationale, une question persiste : pourquoi un silence aussi assourdissant de la part des voisins de la RDC ?
Le M23 : une ombre qui plane sur l’Est de la RDC
Revivifié en 2021 après des années de relative inactivité, le M23 s’est imposé comme une force déstabilisatrice majeure. Officiellement qualifié de mouvement rebelle, il est perçu par beaucoup comme une armée proxy agissant pour des intérêts étrangers. Des rapports crédibles de l’ONU pointent régulièrement du doigt certains pays voisins – notamment le Rwanda et, dans une moindre mesure, l’Ouganda – pour leur soutien présumé au M23, qu’il s’agisse de fourniture d’armes, de financements ou de logistique.
Mais pourquoi un tel appui à un groupe qui provoque exodes massifs, massacres et pillages dans l’Est du Congo ? La réponse réside probablement dans les richesses colossales de cette région. Le Kivu, saturé de minerais stratégiques tels que le coltan et l’or, suscite la convoitise des multinationales comme des acteurs étatiques voisins.
Un silence lourd de sens
Les gouvernements africains, souvent prompts à dénoncer les ingérences extérieures ou à s’unir lors de sommets pour la paix, brillent ici par leur mutisme.
Plusieurs hypothèses s’entrechoquent :
Complicité silencieuse : Certains États voisins pourraient tirer profit, directement ou indirectement, des activités du M23. En soutenant l’instabilité dans cette région, ils favorisent l’exploitation illégale des ressources congolaises, alimentant leurs propres économies.
Peur des représailles : Les quelques voix qui s’élèvent contre cette situation, notamment celles des activistes ou des journalistes, font souvent face à des menaces sérieuses. La géopolitique de la région est marquée par des jeux d’influence où dénoncer publiquement un voisin puissant pourrait avoir des conséquences diplomatiques ou sécuritaires.
Défiance envers Kinshasa : Une partie de ce silence pourrait également être attribuée à des tensions latentes entre la RDC et ses voisins. La faiblesse structurelle de l’État congolais, son incapacité à sécuriser ses frontières, et ses relations tendues avec Kigali et Kampala compliquent toute initiative collective.
La responsabilité africaine et internationale
Alors que les puissances occidentales se limitent à des déclarations sans effets concrets, la RDC se retrouve isolée. Les institutions africaines, comme l’Union Africaine (UA), se montrent également timorées. Le récent cessez-le-feu signé sous médiation régionale n’a pas suffi à apaiser les tensions ni à garantir la sécurité des populations locales.
Faut-il y voir un échec de la solidarité africaine ? Une chose est certaine : l’agression contre la RDC met à nu l’incapacité des nations africaines à s’unir face à une crise qui, pourtant, affecte l’ensemble de la région des Grands Lacs.
Un appel au réveil collectif
Le peuple congolais attend un sursaut, non seulement de ses leaders politiques, mais aussi de l’Afrique tout entière. Continuer de détourner le regard face aux souffrances de millions de personnes revient à cautionner ces violences. Les solutions passent par une solidarité active, un véritable dialogue entre voisins et une volonté commune de protéger l’intégrité territoriale de la RDC.
Car en fin de compte, la stabilité de l’Afrique est indissociable de celle de la RDC. Ignorer ce fait, c’est condamner le continent à une instabilité chronique, alimentée par la convoitise et les divisions. L’Afrique peut-elle encore prétendre à une souveraineté digne si elle laisse l’un de ses pays sombrer dans le chaos sous son propre regard ?
