Par Prince Bertoua
Depuis plus d’une décennie, la République démocratique du Congo (RDC) se heurte à une réalité amère : le conflit à l’Est, marqué par les agissements du M23, reste une plaie béante. Malgré les efforts diplomatiques, les sommets internationaux et les initiatives de paix, la situation ne fait qu’empirer. Aujourd’hui, il apparaît clair qu’une issue durable passe inévitablement par le renforcement des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) et de leurs alliés.
Un bilan diplomatique en demi-teinte
Les médiations régionales et internationales ont été nombreuses. Du processus de Nairobi à la feuille de route de Luanda, en passant par les multiples sommets de la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC), l’objectif était toujours le même : pousser le M23 à cesser les hostilités et restaurer la souveraineté de la RDC sur ses territoires.
Pourtant, ces efforts diplomatiques se sont soldés par des accords non respectés et des cessez-le-feu violés. Le M23, bénéficiant du soutien présumé et documenté du Rwanda, continue son occupation dans plusieurs zones du Nord-Kivu. Pendant ce temps, les populations civiles subissent massacres, déplacements massifs et humiliations quotidiennes.
Le rôle ambigu du Rwanda et l’inertie internationale
Le rôle du Rwanda dans ce conflit ne peut plus être ignoré. Divers rapports, notamment ceux du Groupe d’experts des Nations unies, établissent des liens entre Kigali et le M23. Cependant, malgré ces preuves, la communauté internationale reste étonnamment timide dans ses sanctions contre le Rwanda.
Ce manque de fermeté laisse la RDC isolée dans sa lutte pour la souveraineté, tandis que le président Paul Kagame continue d’entretenir une rhétorique dédouanant son pays de toute implication. Ce double jeu diplomatique doit cesser si une paix durable doit voir le jour.
FARDC : l’urgence du renforcement militaire
Face à cette réalité, la diplomatie seule ne suffit plus. Les FARDC, bien que courageuses sur le terrain, souffrent de faiblesses structurelles : équipements obsolètes, manque de logistique, coordination insuffisante et appui international limité. Pourtant, l’armée congolaise reste le pilier central de la défense nationale.
La priorité doit être donnée à un renforcement substantiel des capacités des FARDC : acquisition d’armements modernes, amélioration des conditions des soldats, formation accrue et renforcement des alliances stratégiques, notamment avec des partenaires comme l’Angola et l’Afrique du Sud.
Le rôle des alliés régionaux et internationaux
L’appui des alliés, qu’ils soient africains ou internationaux, doit aller au-delà des simples déclarations de soutien. Il est temps pour des acteurs comme la SADC (Communauté de développement de l’Afrique australe) de déployer des forces conjointes et d’accompagner la RDC dans la reconquête de ses territoires.Par ailleurs, une réforme des mécanismes de financement des opérations militaires de la RDC s’impose. Les ressources minières du pays doivent être mieux sécurisées et utilisées pour financer cette guerre imposée.
Le chemin de la dignité retrouvée
La RDC ne peut plus se permettre d’attendre. Chaque jour qui passe aggrave la situation humanitaire et renforce la position du M23. En renforçant les FARDC et en obtenant un soutien plus concret de ses partenaires, Kinshasa pourra non seulement restaurer sa souveraineté, mais également offrir à son peuple la sécurité et la dignité qu’il mérite.
Il ne s’agit pas seulement de défendre un territoire, mais de protéger une nation et de rétablir la justice face à une agression qui menace l’avenir de la région. La RDC doit agir, et elle le peut, avec des alliés déterminés à tourner la page de ce conflit interminable.La paix n’est jamais offerte, elle se conquiert.