Une manifestation contre la misère
Kinshasa, 9 janvier 2025 – La tension était palpable hier devant l’Hôtel de Ville de Kinshasa. En début d’après-midi, un groupe de mouvements citoyens s’est rassemblé pour dénoncer les conditions de vie précaires dans la capitale congolaise, sous le slogan évocateur : « KinshasaEkufi » (« Kinshasa est morte »). Leur message était clair : alerter sur la détérioration des conditions sociales et économiques qui plongent des millions de Kinois dans la misère.
Cependant, leur tentative de se faire entendre a rapidement été étouffée par une intervention musclée de la police. Selon plusieurs témoins sur place, les forces de l’ordre ont dispersé les manifestants à l’aide de gaz lacrymogènes et procédé à des arrestations arbitraires, ciblant notamment les figures de proue des mouvements citoyens impliqués dans l’organisation. Un manifestant a été blessé au cours de l’opération, suscitant des réactions d’indignation sur les réseaux sociaux.
« Nous voulons juste vivre dignement »Avant que les forces de sécurité n’interviennent, certains manifestants ont brièvement pu exprimer leurs revendications. L’un d’eux, sous couvert d’anonymat, a déclaré :> « Nous ne sommes pas ici pour semer le chaos, mais pour demander des réponses. Nos familles n’ont pas à souffrir de la pauvreté pendant que l’élite se complaît dans le luxe. »
Des pancartes affichant des slogans tels que « Kinshasa a faim ! », « Où va l’argent public ? » ou encore « Trop c’est trop ! » donnaient le ton d’un mécontentement grandissant.
Réactions contrastées
L’intervention policière a divisé l’opinion. Tandis que certains saluent la réactivité des forces de l’ordre pour éviter un éventuel débordement, d’autres dénoncent une répression systématique des voix dissidentes. L’avocat et activiste Pierre Banza a fustigé la violence de la répression :> « Dans une démocratie, on écoute les citoyens. Ces arrestations et ces brutalités ne feront que raviver les frustrations. »
De leur côté, les autorités locales se sont abstenues de tout commentaire, se limitant à rappeler les restrictions sur les manifestations non autorisées en vertu des lois en vigueur.
Un ras-le-bol croissant
Ce nouvel épisode de répression intervient dans un contexte où la population kinoise exprime de plus en plus son exaspération face à la hausse du coût de la vie, à l’insalubrité croissante et à la dégradation des services de base. La mobilisation autour de « KinshasaEkufi » témoigne d’un malaise profond que les autorités auront du mal à ignorer.
La situation reste tendue à Kinshasa, alors que des appels à une mobilisation nationale commencent à émerger sur les réseaux sociaux. Le gouvernement, déjà critiqué pour son silence face à ces crises sociales, devra désormais naviguer prudemment pour éviter une escalade.
Affaire à suivre.