Transparence et Lutte contre la Corruption au Cameroun
Un Contexte Historique Chargé
Le Cameroun, depuis son indépendance en 1960, a souffert de nombreux scandales de corruption qui ont miné la confiance des citoyens en leurs institutions. Des accusations de détournement de fonds publics, de favoritisme et d’impunité ont ponctué l’histoire politique du pays. Ces pratiques n’ont pas seulement freiné le développement économique, mais ont aussi creusé les inégalités sociales. Le fossé entre les élites politiques et la population s’est élargi, rendant plus urgentes les actions pour restaurer la confiance.
Des mouvements citoyens et des ONG se battent pour dénoncer ces dérives et exigent des réformes structurelles. Anicet Duprix Mani, militant du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc), appelle notamment à transformer la Chambre des Comptes en une véritable institution aux pouvoirs renforcés. Cette transformation viserait à améliorer le contrôle des finances publiques, essentiel pour rétablir la confiance des citoyens.
Des personnalités comme Akere Muna, fondateur du Mouvement Now, insistent sur l’importance de la transparence et de la bonne gouvernance pour mobiliser les jeunes vers la politique. Ces initiatives se situent dans un cadre plus large de lutte contre l’impunité et en faveur des droits humains.
Les Défis de la Transparence
La transparence est cruciale pour une gestion rigoureuse des fonds publics. Au Cameroun, cependant, cette exigence se heurte à de nombreux obstacles. Les élites politiques semblent souvent échapper aux règles qui s’appliquent aux citoyens ordinaires. Ce sentiment d’injustice, exacerbée par une fiscalité disproportionnée sur les classes moyennes et modestes, nourrit la perception d’une double morale.
Les scandales financiers, impliquant des figures influentes, alimentent cette méfiance. Récemment, le ministre de l’Administration territoriale, Paul Atanga Nji, a suspendu plusieurs ONG, y compris le Réseau d’Organisations de Défense des Droits de l’Homme en Afrique Centrale (REDHAC), pour des questions de non-conformité aux normes de transparence. Bien que ces mesures visent à réguler le secteur associatif, elles soulèvent des interrogations sur la liberté d’association et l’espace de la société civile.
Les tensions entre le gouvernement et les ONG, qui dénoncent les détournements de fonds, soulignent la nécessité d’un dialogue constructif. La présidente du REDHAC, Me Alice Kom, affirme que la lutte contre la corruption doit impliquer une authentique collaboration entre l’État et la société civile pour assurer une gestion transparente des ressources.
Vers une Mobilisation Collective
Une mobilisation collective est indispensable pour lutter efficacement contre la corruption. Il est essentiel d’inciter les citoyens à participer à des initiatives de transparence et de bonne gouvernance. Des campagnes de sensibilisation, des formations sur les droits civiques et une meilleure éducation à la citoyenneté sont des pistes à explorer. L’implication des jeunes est primordiale, car ils représentent l’avenir du pays.
Les initiatives récentes d’Akere Muna, axées sur la transparence et la lutte contre la corruption, illustrent cette dynamique mobilisatrice. Rassembler des citoyens autour de ces enjeux peut donner naissance à un mouvement fort pour une gouvernance éthique.
Il est également crucial que les institutions du Cameroun prennent des mesures concrètes pour promouvoir la transparence. Instaurer des mécanismes de contrôle stricts, publier régulièrement des rapports financiers et encourager les signalements de malversations sont des étapes essentielles. La création d’une véritable Cour des Comptes, comme le suggère Anicet Duprix Mani, pourrait marquer une avancée significative dans la gestion des finances publiques.
La lutte contre la corruption et la promotion de la transparence sont-elles réellement des priorités pour le gouvernement camerounais ? Quelles mesures concrètes peuvent être mises en Å“uvre pour rétablir la confiance des citoyens envers leurs institutions ? Autant de questions qui méritent d’être approfondies, pour envisager un avenir meilleur pour le Cameroun.