Enjeux de transparence et de liberté aux élections de 2025
Un contexte politique tendu
À l’approche des élections présidentielles de 2025 au Cameroun, le climat politique est chargé de tensions croissantes. Les craintes concernant la transparence du processus électoral et la liberté d’expression se multiplient. Cavaye Yeguié Djibril, président de l’Assemblée nationale, a récemment insisté sur la nécessité d’un scrutin « libre, transparent et apaisé ». Cette déclaration témoigne d’une inquiétude palpable parmi les acteurs politiques et la société civile face à des irrégularités potentielles.
Le président sortant, Paul Biya, au pouvoir depuis 1982, n’a pas encore officialisé sa candidature. Cependant, ses partisans le désignent déjà comme le candidat naturel du RDPC. Cette ambivalence soulève des interrogations sur la pérennité d’un régime souvent accusé de dérive autoritaire. Les accusations de fraude et de manque de transparence lors des élections précédentes, comme celles de 2018, renforcent la peur d’une répétition des mêmes dérives.
Les tensions se ravivent, notamment avec l’émergence de nouvelles voix d’opposition. Maurice Kamto, leader du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC), a affiché son intention de se présenter. Les déclarations d’Albert Dzongang, militant du MRC, révèlent une détermination à s’opposer à toute manipulation électorale, affirmant que le peuple camerounais ne restera pas inactif face à un candidat illégitime.
Les préoccupations des acteurs religieux et politiques
Ces inquiétudes trouvent écho auprès de figures religieuses influentes. Mgr Samuel Kleda, archevêque métropolitain de Douala, s’est exprimé sur l’état de la démocratie camerounaise, qu’il qualifie de « concept nominal ». Selon lui, le manque d’indépendance du conseil électoral compromet la légitimité des élections. Les résultats seraient généralement connus avant même l’ouverture des bureaux de vote, créant une méfiance croissante parmi les électeurs.
Mgr Kleda a appelé à une révision du code électoral pour garantir des chances égales entre les candidats, tout en dénonçant les fraudes. Il a plaidé pour une clarification des rôles des différentes instances en charge de l’organisation des élections. Dans un contexte où les scandales financiers se multiplient et où la vie devient de plus en plus chère, ces préoccupations sont d’une pertinence aiguë.
Le ministère de l’Administration territoriale a également sollicité un budget conséquent pour assurer la sécurité durant le scrutin, signalant ainsi la prise de conscience des enjeux cruciaux liés à la stabilité et à la sécurité des élections. La garantie des droits et libertés fondamentaux est au cœur des discussions, témoignant de l’importance de ces questions aux yeux des autorités.
Les défis de la transparence électorale
Les défis de la transparence électorale sont exacerbés par des controverses autour du fichier électoral. Le MRC a soulevé des inquiétudes concernant des noms d’électeurs rejetés par Elections Cameroon (ELECAM) pour des raisons incompréhensibles. Maurice Kamto a dénoncé ces rejets comme un « prétexte fallacieux » pour exclure des électeurs, appelant à une vigilance collective pour garantir une inscription correcte de chaque citoyen.
Les sondages récents montrent que 65 % des électeurs soutiendraient Cabral Libii, président du Parti Camerounais pour la Réconciliation Nationale (PCRN), tandis que 35 % préfèreraient Paul Biya. Toutefois, les alliances opportunistes entre le PCRN et le RDPC soulèvent des doutes sur l’authenticité du PCRN. Cette dynamique révèle un besoin urgent de transparence au sein du paysage politique camerounais.
Les élections de 2025 s’annoncent comme un tournant décisif pour le Cameroun. Les partis seront jugés sur leur capacité à répondre aux attentes citoyennes et à offrir un processus électoral véritablement transparent. Les enjeux de transparence et de liberté transcendent les simples préoccupations électorales ; ils touchent aux fondements mêmes de la démocratie et de la gouvernance au Cameroun.
Réflexions et perspectives d’avenir
Les enjeux de transparence et de liberté en vue des élections présidentielles de 2025 éveillent des interrogations cruciales pour l’avenir du Cameroun. Les appels à des réformes se multiplient, tant de la part des acteurs politiques que religieux. La réaction du gouvernement et des institutions électorales sera déterminante pour apaiser les tensions et restaurer la confiance du public.
Il est impératif que les autorités prennent au sérieux les préoccupations soulevées par la société civile et les acteurs politiques. La mise en œuvre de réformes électorales, la clarification des rôles effectifs des organes électoraux, ainsi que la protection des droits fondamentaux constituent des mesures essentielles pour favoriser un processus électoral équitable.
À l’approche des élections, la question demeure : le Cameroun parviendra-t-il à surmonter ses défis internes et à offrir à ses citoyens un scrutin libre et transparent ? Les réponses apportées à ces interrogations façonneront non seulement l’issue des élections, mais également le destin démocratique du pays.