Réserves de l’Église catholique sur la révision constitutionnelle
Un contexte de crise sécuritaire
La République démocratique du Congo (RDC) traverse une période de turbulence, marquée par une crise sécuritaire persistante. Dans ce climat instable, les propos de Mgr Donatien Nshole, secrétaire général de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO), prennent une résonance particulière. Il a récemment fait part de ses réserves sur la révision de la Constitution, estimant qu’engager une telle réflexion serait déplacé tant que certaines régions demeurent sous le contrôle de groupes armés. Cela souligne la nécessité de prioriser la sécurité et la stabilité avant d’entamer des débats constitutionnels.
Les préoccupations de Mgr Nshole rejoignent celles d’autres figures de l’Église catholique. Le Cardinal Fridolin Ambongo a qualifié le débat sur la révision constitutionnelle de « distraction ». À ses yeux, l’énergie nationale devrait se concentrer sur la résolution des problèmes urgents, notamment la violence et l’insécurité qui frappent de nombreuses provinces. Cette préoccupation des leaders religieux met en évidence l’urgence d’une réponse collective face à la crise sécuritaire, qui menace la cohésion sociale et la paix dans le pays.
La CENCO a également qualifié les initiatives de révision constitutionnelle d’« imprudentes », arguant qu’elles ne prennent pas en compte l’intérêt supérieur de la Nation. Dans un contexte où la confiance envers les institutions est déjà fragile, de telles démarches risquent d’aggraver les tensions et de nourrir les inquiétudes concernant un possible glissement autoritaire.
Le rôle prophétique de l’Église
Dans cet environnement de méfiance, l’Église catholique se positionne comme un acteur questionneur et responsable. Mgr Nshole précise que l’Église n’a jamais refusé de s’impliquer dans une réflexion sur la Constitution, mais qu’elle ne soutiendra pas de révision sans des conditions propices. Cette prudence témoigne d’une volonté de préserver la paix sociale et d’éviter des dérives politiques qui pourraient nuire à la démocratie.
Le mandat prophétique de l’Église, selon Mgr Nshole, implique une dénonciation des abus de pouvoir. Dans un pays où les institutions démocratiques sont souvent remises en question, l’Église s’affirme comme gardienne des valeurs éthiques. Elle appelle à une réflexion collective sur les priorités du pays, insistant sur la nécessité de restaurer la sécurité et de favoriser le dialogue entre les parties prenantes.
Cette position est d’une importance cruciale, surtout alors que l’opposition et certains acteurs de la société civile craignent que les propositions de révision constitutionnelle, défendues par le parti au pouvoir (UDPS) et le président Félix Tshisekedi, menacent les institutions démocratiques. En tant qu’institution respectée, l’Église joue un rôle incontournable dans la médiation de ces tensions et la promotion d’un débat constructif.
Vers une réflexion collective
Les réserves exprimées par l’Église catholique sur la révision de la Constitution soulèvent des questions fondamentales concernant la gouvernance et la démocratie en RDC. Alors que le pays est confronté à des défis sécuritaires considérables, il convient de se demander si le moment est véritablement adéquat pour envisager une telle révision. Les évêques, en collaboration avec des experts apolitiques, souhaitent établir un cadre de réflexion intégrant les réalités du terrain.
Il est essentiel de mesurer les implications d’une révision constitutionnelle dans un climat de méfiance. Les acteurs politiques doivent tenir compte du fait que toute initiative perçue comme une tentative de consolidation du pouvoir risque de provoquer une réaction négative de la population. La transparence et l’inclusivité devraient ainsi constituer le fondement de tout processus de révision.
En définitive, les réserves de l’Église catholique ne constituent pas de simples objections formelles, mais un appel à une prise de conscience collective. À un moment où le pays est aux prises avec des crises multiples, il est primordial d’examiner comment les décisions politiques influencent la vie quotidienne des Congolais. Dès lors, la question demeure : comment concilier les aspirations démocratiques avec les besoins urgents de sécurité et de stabilité ?