Impact de l’agression rwandaise sur le Nord-Kivu et le Sud-Kivu

Une escalade de la violence et des déplacements massifs
Les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu subissent une intensification alarmante des violences, exacerbées par l’agression rwandaise et les opérations du groupe armé M23-AFC. Depuis le 10 décembre 2025, date à laquelle le M23 a conquis la ville stratégique d’Uvira, la situation humanitaire s’est gravement détériorée. Plus de 200 000 personnes ont été contraintes de fuir, cherchant refuge dans des camps au Burundi. Dans ces lieux, les conditions de vie sont précaires, marquées par un accès insuffisant à la nourriture et aux soins médicaux.
Des témoignages poignants, tels que ceux de Chance Mtubesha et Nayonde Mbilize, dépeignent un tableau de désespoir et de chaos. Selon les rapports du gouvernement provincial, plus de 400 civils ont perdu la vie, et des milliers d’autres ont été blessés. Cette crise rappelle les pires épisodes humanitaires de la région, où les civils portent souvent le fardeau des conflits armés.
Face à l’avancée du M23, soutenu par le Rwanda, les forces armées congolaises (FARDC), déjà affaiblies par des purges internes et un manque de logistique, se trouvent dans une position de vulnérabilité. Les militaires congolais, contraints de se replier, laissent derrière eux des civils sans protection, créant ainsi un vide sécuritaire susceptible d’être exploité par d’autres groupes armés.

Conséquences sur la sécurité régionale
La capture d’Uvira par le M23 ne menace pas seulement la RDC, mais ébranle également la stabilité de toute la région des Grands Lacs. Le Burundi, voisin immédiat, exprime de vives inquiétudes face aux bombardements rwandais sur son territoire, ce qui accentue les tensions entre les deux nations. Le ministre burundais des Affaires étrangères, Edouard Bizimana, a clairement averti que le Burundi ne tolérerait pas de violations de son intégrité territoriale et se réserve le droit de se défendre.
Les experts craignent que cette agression rwandaise transforme un conflit local en guerre régionale, avec des répercussions dévastatrices pour la paix dans l’ensemble de la région. Jean-Pierre Lacroix, Secrétaire général adjoint de l’ONU, a souligné que l’expansion du M23 et l’affaiblissement de l’État congolais menacent l’unité de la RDC, augmentant ainsi le risque d’instabilité non seulement à l’Est, mais partout dans la région.
Les tensions entre la RDC et le Rwanda, aggravées par des accusations réciproques de violations des accords de paix, compliquent davantage la situation. Le président congolais Félix Tshisekedi a dénoncé les infractions rwandaises aux engagements pris dans les accords de Washington, signés le 4 décembre 2025, conçus pour instaurer un cessez-le-feu. Malheureusement, la détérioration de la situation témoigne de l’inefficacité des efforts diplomatiques pour stabiliser la région.

Une crise humanitaire sans précédent
Les conséquences de l’agression rwandaise et des offensives du M23 sont qualifiées de « deuxième plus grave crise humanitaire au monde » par diverses organisations humanitaires. Le HCR rapporte que plus de 500 000 personnes ont été déplacées au sein même de la RDC, tandis que les conditions dans les camps de réfugiés sont alarmantes. Les infrastructures de santé, gravement endommagées, rendent l’accès aux soins médicaux presque impossible pour les blessés et les malades, notamment les femmes enceintes et les nouveau-nés.
Le ministre de la Santé, Samuel Roger Kamba, a tiré la sonnette d’alarme sur une crise sanitaire extrême, avec des cas de choléra recensés dans les camps de transit. Des organisations comme Médecins Sans Frontières font état d’une montée des violences sexuelles et des traumatismes liés aux conflits. Les survivants, en quête de soins, se trouvent dans une situation critique, d’autant plus que les financements humanitaires diminuent, accentuant les souffrances des populations vulnérables.
Pour faire face à cette crise, la communauté internationale est appelée à agir. Les États-Unis et plusieurs pays européens manifestent leur volonté de tenir responsables les coupables de ces violences et d’exiger des sanctions contre le Rwanda. Pourtant, l’efficacité de ces mesures demeure incertaine, et les populations congolaises continuent de souffrir terriblement de cette instabilité.
La crise qui sévit dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu soulève des questions cruciales concernant la capacité d’intervention de la communauté internationale face à des crises humanitaires complexes. Comment les acteurs régionaux et internationaux peuvent-ils s’unir pour mettre fin à cette spirale de violence et assurer la sécurité des populations civiles ? Quelles mesures concrètes pourraient être mises en œuvre pour restaurer la paix et la stabilité dans cette région durement éprouvée par des décennies de conflit ?


