La Guinée-Bissau entre dans une nouvelle phase de turbulence politique. Moins de 24 heures après le renversement du président Umaro Sissoco Embaló, le général Horta N’Tam a été officiellement investi, jeudi, président de la transition et chef du Haut commandement militaire, pour une durée annoncée d’un an. L’annonce a été faite lors d’une conférence de presse tenue à Bissau par les auteurs du putsch.
Lors d’une cérémonie organisée au siège de l’état-major, sous très haute sécurité en ce début de journée, le général N’Tam a prêté serment avant de déclarer : « Je viens d’être investi pour assurer la direction du Haut commandement. » Des journalistes de l’AFP ont rapporté la présence de dizaines de soldats lourdement armés autour du bâtiment.
Ancien chef d’état-major de l’armée de Terre, Horta N’Tam était considéré comme un proche du président déchu Embaló. Pourtant, il dit désormais vouloir rassembler : « La Guinée-Bissau traverse une période très difficile de son histoire. Les mesures qui s’imposent sont urgentes et importantes et requièrent la participation de tout le monde. »
Peu après son investiture, le général Lassana Mansali, inspecteur général des forces armées, a annoncé la réouverture immédiate de toutes les frontières. Sur le terrain, les militaires ont cependant renforcé leur présence : check-points sur les grands axes, fouilles systématiques des véhicules, boutiques fermées et circulation fortement perturbée.
Vives réactions internationales

La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) a condamné « fermement » ce coup d’État, qu’elle considère comme « une menace directe pour la stabilité du pays et de la région ». L’institution régionale, déjà confrontée à une vague de transitions militaires au Sahel, craint un nouvel embrasement politique en Afrique de l’Ouest.
L’Union africaine, de son côté, exige la libération « inconditionnelle » du président Umaro Sissoco Embaló, dont le sort reste entouré de nombreuses spéculations depuis son arrestation.
Alors que le pays s’enfonce dans l’incertitude, la junte promet de rétablir l’ordre et de conduire une transition d’un an. Une promesse que beaucoup, au sein de la communauté internationale comme de la population bissau-guinéenne, recevront avec prudence dans un pays habitué aux crises politiques à répétition.


