Défis de l’accès humanitaire dans l’Est de la RDC

Contexte de la crise humanitaire
La situation humanitaire dans l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC) est alarmante, surtout depuis l’offensive du Mouvement du 23 Mars (M23). Depuis la capture de Goma en janvier 2025, les conditions de vie des populations se sont gravement détériorées. Les conflits armés, combinés à l’administration parallèle instaurée par le M23, entravent l’accès à l’aide humanitaire. Plus de 27 millions de Congolais souffrent d’insécurité alimentaire, tandis que les besoins essentiels ne cessent d’augmenter.
Les rapports du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) et de la Mission de l’ONU pour la stabilisation en RDC (MONUSCO) révèlent que l’accès aux soins de santé est extrêmement compromis. Une évaluation récente a montré qu’environ 85 % des établissements de santé dans les provinces du Nord et du Sud-Kivu manquent de médicaments essentiels. Les combats constants rendent difficile le transfert des blessés vers des établissements médicaux adéquats, forçant de nombreux patients à marcher sur de longues distances.
Dans ce climat de violence, les opérations humanitaires subissent de lourdes répercussions. Les organisations, déjà sous-financées, luttent pour répondre aux demandes croissantes. Avec un plan de réponse humanitaire pour 2025 évalué à 2,54 milliards USD, seulement 14,9 % de ce montant a été financé, soulignant ainsi l’urgence d’une mobilisation internationale.

Obstacles logistiques et administratifs
Les défis logistiques constituent des entraves majeures à l’aide humanitaire. La fermeture de l’aéroport international de Goma, consécutive à l’occupation de la ville par le M23, a considérablement compliqué la distribution de l’aide. De nombreuses routes sont impraticables à cause des combats, des glissements de terrain, et du manque d’entretien. La dégradation de l’axe Bukavu-Goma a notamment isolé des communautés entières, rendant l’accès à l’assistance humanitaire encore plus difficile.
Les contraintes administratives imposées par le M23 compliquent également significativement les opérations. Les acteurs humanitaires font face à des exigences bureaucratiques lourdes, comme des préavis de 48 heures pour les convois, sans mentionner les barrages routiers qui freinent l’acheminement de l’aide. Cette situation est exacerbate par le manque de coopération entre les différentes factions et le gouvernement congolais, qui peine à maintenir un semblant d’autorité dans une région dominée par le M23.
Les témoignages de travailleurs humanitaires révèlent par ailleurs la peur des représailles, les rendant hésitants à s’engager dans les zones les plus touchées. Les personnels médicaux, souvent pris pour cibles, sont dissuadés de se rendre là où l’aide est pourtant désespérément nécessaire. Cela crée un cercle vicieux où l’absence de sécurité empêche l’aide d’atteindre les plus vulnérables.

Réponses internationales et perspectives d’avenir
Face à cette crise humanitaire sans précédent, la communauté internationale commence à réagir. Récemment, le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies a condamné le soutien rwandais au M23 et a appelé à un accès humanitaire sûr et rapide dans les provinces touchées. Cependant, les résolutions jusqu’à présent n’ont pas produit d’impact significatif sur le terrain.
Antonio Guterres, secrétaire général de l’ONU, a exprimé que la mission de la MONUSCO est « asphyxiée », incapable de remplir son mandat de protection des civils. La réouverture des aéroports de Goma et de Bukavu est cruciale pour le transport de l’aide. Néanmoins, les avancées demeurent lentes et la situation continue de se détériorer.
Les perspectives d’avenir reposent sur une mobilisation internationale accrue et une réelle volonté politique pour résoudre ce conflit. Les acteurs humanitaires plaident pour une action concertée visant à garantir un accès humanitaire inconditionnel et à soutenir les populations en détresse. La création de couloirs humanitaires sécurisés pourrait être une solution temporaire, mais cela nécessite un engagement ferme de toutes les parties concernées.
Les défis d’accès humanitaire dans l’Est de la RDC soulèvent des questions cruciales : comment la communauté internationale peut-elle agir face à une crise aussi complexe ? Quelles mesures garantiront la sécurité des travailleurs humanitaires et des civils ? La réponse à ces interrogations pourrait être déterminante pour l’avenir de millions de Congolais en détresse.


