C’est un chef de l’État visiblement impatient face aux lenteurs administratives qui a reçu vendredi à la Présidence de la République l’ensemble des responsables des régies financières.
L’objectif : faire le point sur le chantier de digitalisation de ces administrations stratégiques et remettre de l’ordre dans la chaîne de la dépense publique.
Dès l’ouverture des échanges, le Président Brice Clotaire Oligui Nguema a donné le ton :
« Comment restaurer et développer notre économie, et par la même occasion lutter contre la vie chère, si cette opération reste à la traîne ? »
Pour le Chef de l’État, cette transformation numérique est indispensable non seulement pour améliorer la collecte des recettes, mais aussi pour renforcer la transparence et la traçabilité des flux financiers.
Des dérives qui freinent la relance

Le Président n’a pas caché son agacement face à des pratiques qu’il juge « inacceptables » et qui compromettent l’efficacité des réformes :
Faible recouvrement des recettes, malgré les mesures mises en œuvre depuis le 30 août 2023 ;
Surfacturations persistantes, notamment dans les infrastructures : le Chef de l’État a rappelé que le coût de référence du kilomètre de béton est fixé à 350 millions de FCFA dans le Grand Libreville et à 400 millions de FCFA à l’intérieur du pays, alors que certaines factures dépassent largement ces montants ;
Rétro-commissions et ristournes indûment octroyées à des agents publics, contribuant à l’envolée des coûts ;
Loyers excessifs dans les baux administratifs ;
Double prise en charge des dépenses, en particulier sur des projets relevant du CTRI, générant des doublons et des pertes pour le Trésor public.
Un train de mesures pour assainir la dépense publique

Face à ces dérives, le Président a annoncé une série d’instructions fermes :
Revoir toutes les ordonnances de paiement afin d’y imputer le « juste prix » et éliminer les surfacturations ;
Croiser les fichiers de règlements avec ceux du CTRI pour supprimer les doublons et garantir la sincérité des dépenses ;
Audit des baux administratifs, jugés trop coûteux pour les finances publiques ;
Audit des ordonnances de paiement couvrant la période de l’exercice 2020 au 4 septembre 2023, afin d’identifier et corriger les irrégularités passées ;
Éradication de la sous-budgétisation des dépenses, en veillant à intégrer dans la loi de finances 2026 toutes les charges réelles afin d’éviter les dépassements ;
Interconnexion avant 2026 des régies financières et de la Présidence de la République, pour un suivi en temps réel des recettes et des décaissements ;
Renforcement de la coopération entre les Douanes et le secteur des Hydrocarbures, pour un meilleur partage des données et un contrôle accru des flux ;
Obligation pour les entreprises pétrolières et minières d’ouvrir un RIB domicilié au Gabon, afin de garantir la traçabilité des flux financiers.
Un ultimatum présidentiel

Se disant « lassé des retards et des blocages », le Chef de l’État a fixé un délai ferme à décembre 2025 pour la finalisation de la digitalisation des régies financières.
Cette audience marque une nouvelle étape dans la volonté de l’Exécutif de moderniser l’appareil d’État, de restaurer la discipline budgétaire et de redonner confiance aux citoyens comme aux investisseurs dans la gestion des deniers publics.


