Défis de l’éducation en RDC : Les revendications des enseignants

Problèmes de paie et de conditions de travail
La République Démocratique du Congo (RDC) traverse une crise éducative profonde, exacerbée par les revendications croissantes des enseignants. L’un des défis majeurs est celui du non-paiement des salaires. Dans des régions comme le Nord-Kivu, certains enseignants n’ont pas reçu leur salaire depuis plus de six mois, entraînant de vives protests. Bandu Bauma Exauce, représentant de la Force syndicale des enseignants du Congo (FOSYNAT), a mis en avant que cette situation empêche les enseignants de préparer la rentrée scolaire de leurs propres enfants. Les retards de paiement, souvent de deux à trois mois, sont fréquents, malgré les fonds alloués par le gouvernement.
Les conditions de travail des enseignants sont également alarmantes. Les syndicats dénoncent le non-versement de primes et des frais de fonctionnement insuffisants, compliquant leur mission, spécialement dans des zones à risque. Les inspecteurs d’enseignement, récemment réunis, ont exprimé leur mécontentement. Le non-paiement de leurs primes entrave leur capacité d’intervention dans des milieux dangereux. Ces problèmes de rémunération et de conditions de travail engendrent un climat de mécontentement et de méfiance envers les autorités éducatives.
Des enseignants de provinces telles que le Kwango et Maï-Ndombe conditionnent la reprise des cours à la régularisation de leurs salaires, demandant des augmentations significatives. Ils réclament, par exemple, un salaire mensuel de 500 dollars, une somme jugée essentielle pour vivre dignement. Ce constat souligne l’urgence d’une réponse rapide et efficace du gouvernement afin d’éviter une crise éducative plus profonde.

Identification des enseignants et budget insuffisant
Un autre défi majeur réside dans l’identification des enseignants non payés ainsi que des nouvelles recrues travaillant sans salaire. Les syndicats proposent une mission de contrôle pour clarifier la situation et s’assurer que les enseignements concernés soient payés. Cette situation est d’autant plus préoccupante dans un contexte où le gouvernement estime que les fonds alloués au ministère de l’Éducation sont suffisants, alors que les syndicats jugent ces ressources nettement insuffisantes par rapport aux besoins réels.
En première ligne de l’éducation, les enseignants se retrouvent souvent dans une position précaire, ignorant si leurs revendications seront audibles. Le manque de budget adéquat a des répercussions directes sur la qualité de l’enseignement. Les classes surpeuplées, pouvant accueillir jusqu’à 90 élèves, illustrent bien cette crise. Safi Parnelly, enseignante, a fait état des difficultés à maintenir la discipline dans de telles conditions, où des enfants s’évanouissent sous la chaleur accablante. Cela nuit non seulement à l’apprentissage, mais également à la santé des élèves.
Les syndicats, comme la Synergie des syndicats des enseignants de la RDC, plaident pour une révision des budgets alloués à l’éducation et une meilleure gestion des ressources. Ils exigent aussi une uniformisation des primes, ainsi qu’un contrôle renforcé pour garantir la gratuité de l’éducation, souvent compromise par des frais abusifs imposés aux parents.

Impact sur la qualité de l’éducation et perspectives d’avenir
Les revendications des enseignants et les défis qui les accompagnent altèrent directement la qualité de l’éducation en RDC. La gratuité de l’enseignement primaire, qui a attiré plus de trois millions d’enfants en 2023, se retrouve compromise face à des conditions d’apprentissage inappropriées. Pierre Kabeya, un parent d’élève, exprime son inquiétude quant à la nécessité d’engager des répétiteurs à domicile, illustrant l’incapacité du système éducatif à satisfaire les besoins des élèves. Malgré leurs efforts d’adaptation, les enseignants jugent que les solutions proposées, comme l’organisation en groupes, restent insuffisantes.
Le gouvernement, représenté par la ministre d’État à l’Éducation nationale, Raïssa Malu Dinanga, a promis d’améliorer les conditions de travail des enseignants. Néanmoins, ces promesses doivent se concrétiser par des actions visibles. Par exemple, les enseignants de l’Université de Kinshasa prévoient un sit-in pour obtenir des réponses concernant leurs conditions de travail, soulignant l’urgence de la situation.
À l’approche de la rentrée scolaire, les défis auxquels l’éducation en RDC doit faire face soulèvent des questions cruciales. Comment le gouvernement peut-il répondre efficacement aux revendications des enseignants tout en garantissant une éducation de qualité pour tous les enfants ? Quelles mesures doivent être prises pour assurer la pérennité du système éducatif dans un contexte de crise? Ces interrogations méritent une attention particulière; l’avenir de l’éducation en RDC en dépend.


