Partenaires commerciaux du Gabon et orientation asiatique
État des lieux des échanges commerciaux
En 2024, le paysage commercial du Gabon a connu des transformations notables, avec une réorientation significative vers les marchés asiatiques. D’après la Banque mondiale, la Chine devient le premier partenaire commercial du pays, absorbant 31,2 % des exportations gabonaises. Ce changement radical contraste avec les décennies passées, où les échanges européens, notamment avec la France, dominaient.
La France, désormais, ne représente plus que 2,5 % des exportations gabonaises, témoignant d’une perte de leadership face à des concurrents asiatiques. L’Italie et l’Indonésie suivent respectivement avec des parts de 10,5 % et 9,9 %. D’autres pays comme l’Inde et le Brésil, avec 8 % et 6,2 % des exportations, illustrent également une montée en puissance dans les relations commerciales avec le Gabon. Ce repositionnement stratégique s’explique par la volonté des entreprises gabonaises de capter des marchés en forte croissance, souvent plus compétitifs en termes de prix.
Les économistes attribuent cette évolution à une multitude de facteurs. La baisse de l’attractivité des marchés européens et la nécessité pour le Gabon de diversifier ses débouchés en sont les raisons principales. Aujourd’hui, près des deux tiers des exportations gabonaises se dirigent vers l’Asie, tandis que l’Europe et les Amériques ne représentent respectivement que 25 % et 10 % des échanges.

Les enjeux de la diversification vers l’Asie
La diversification des marchés est devenue essentielle pour le Gabon, qui cherche à réduire sa dépendance vis-à-vis de ses partenaires traditionnels. Il est crucial d’améliorer l’intégration régionale et de lever les barrières logistiques et réglementaires pour favoriser les échanges intra-régionaux, comme l’a souligné la Banque mondiale. Cette stratégie vise à renforcer la résilience économique du pays face aux fluctuations mondiales.
Un exemple concret de cette orientation est le projet de partenariat stratégique envisagé avec le Japon. Ce partenariat inclut la création d’une unité de transformation du manganèse à Libreville d’ici 2029. Porté par le ministre de l’Industrie, Me Lubin Ntoutoume, ce projet s’inscrit dans une vision d’industrialisation et de transfert technologique. En réduisant les exportations de manganèse brut, le Gabon espère non seulement créer des emplois, mais aussi renforcer sa souveraineté économique.
Les engagements pris lors de l’Exposition universelle d’Osaka en 2025, où une délégation gabonaise a attiré l’attention des investisseurs japonais, illustrent cette volonté de diversification. Des accords ont été signés avec des entreprises japonaises pour des projets d’infrastructures et d’énergies renouvelables, soulignant l’intérêt croissant du Japon pour les secteurs émergents du Gabon.

Perspectives d’avenir et défis à relever
Alors que le Gabon se tourne vers les marchés asiatiques, plusieurs défis restent à relever. Renforcer les infrastructures et lever les obstacles réglementaires sont cruciaux pour attirer davantage d’investissements étrangers. Les experts notent également l’importance d’un travail diplomatique ciblé pour établir des relations commerciales solides, notamment avec des pays comme les États-Unis. Bien qu’ils représentent une part modeste des exportations gabonaises (3,2 %), ces derniers pourraient offrir des opportunités de croissance pour certains produits.
La Banque mondiale souligne que la diversification vers l’Amérique du Nord pourrait ouvrir de nouvelles portes pour le Gabon. Cependant, cela nécessite une stratégie bien définie et des efforts concertés pour améliorer l’attractivité du pays sur la scène internationale.
En somme, le Gabon se trouve à un tournant décisif de son histoire économique. Alors que les échanges avec l’Asie continuent de croître, la question demeure : comment équilibrer ses relations commerciales tout en préservant ses partenariats historiques ? La manière dont le Gabon saura y répondre déterminera sans doute son avenir économique dans un monde de plus en plus interconnecté.


