Le rôle des leaders religieux dans la paix au Cameroun

Un appel à la paix et à la justice
À l’approche des élections présidentielles du 12 octobre 2025, le climat politique au Cameroun est de plus en plus tendu. Les inquiétudes concernant l’intégrité du processus électoral s’intensifient. Dans ce contexte, les leaders religieux, tel que Mgr Paul Lontsie-Keune, évêque de Bafoussam, jouent un rôle vital en appelant à la paix et à la justice. Le 30 juillet 2025, Mgr Lontsie-Keune a exprimé ses préoccupations face à un climat de méfiance et de manipulation, déclarant que « la paix ne peut exister sans justice, vérité, ni respect des règles démocratiques ». Son message illustre l’importance de leur voix pour favoriser un environnement pacifique.
Ces figures d’autorité morale détiennent un pouvoir d’influence. En dénonçant les injustices et plaidant pour un processus électoral transparent, les leaders religieux peuvent apaiser les tensions et encourager un dialogue constructif. Mgr Lontsie-Keune a également souligné l’importance de l’alternance démocratique, avertissant qu’une absence de cette dernière pourrait mener à des conflits futurs. Cette vision montre leur potentiel préventif face aux crises politiques.
De plus, la conférence du Conseil des imams et dignitaires musulmans du Cameroun (CIDIMUC) le 6 août 2025, qui avait pour thème « Paix et stabilité avant, pendant et après les élections », en témoigne. Animée par Oumarou Moussa, cette rencontre a rassemblé des acteurs religieux pour discuter des moyens de promouvoir la paix dans un climat électoral difficile. Ces initiatives démontrent l’engagement actif des leaders religieux dans la recherche de solutions pacifiques.

Un rôle de médiation et de sensibilisation
Les leaders religieux jouent également un rôle clé de médiation et de sensibilisation. Perçus comme des intermédiaires de confiance, ils facilitent le dialogue entre les différentes parties prenantes comme les autorités gouvernementales et la société civile. Par exemple, le Collectif « Cameroon is Back » a récemment exhorté les chefs religieux à ne pas rester neutres face aux injustices, les incitant à utiliser leur influence pour un changement pacifique et démocratique.
Cette dynamique est cruciale dans un pays où les tensions ethniques et politiques peuvent rapidement mener à la violence. En prônant des valeurs de tolérance et de respect mutuel, les leaders religieux ont le potentiel de réduire les tensions et d’instaurer un climat de confiance. Leur capacité à rassembler des communautés autour de valeurs communes est essentielle pour bâtir une société plus unie et pacifique.
De plus, leur rôle dans l’éducation civique est indispensable. En informant les citoyens sur leurs droits et responsabilités, ils encouragent un engagement civique actif et responsable. Dans un contexte où la désillusion envers le système politique peut entraîner de l’apathie électorale, cette sensibilisation est d’autant plus pertinente.

Les défis et les perspectives d’avenir
Cependant, malgré leur contribution significative, les leaders religieux au Cameroun se heurtent à des défis majeurs. La manipulation politique, ainsi que la pression sur les institutions religieuses, peuvent entraver leur rôle d’agents de changement. Mgr Lontsie-Keune a souligné que la fraude électorale ne peut jamais engendrer la paix, mettant ainsi en lumière les obstacles à la promotion d’un processus électoral juste et transparent.
La polarisation politique et les tensions intercommunautaires limitent également l’efficacité de leurs interventions. Il est essentiel que les leaders religieux collaborent, transcendant les divisions sectaires pour promouvoir un message commun de paix et de justice. Une telle collaboration peut renforcer leur voix collective et accroitre leur impact sur la société.
À l’approche des élections de 2025, leur engagement est d’une importance capitale. En tant que médiateurs, éducateurs et défenseurs de la paix, leur rôle n’a jamais été aussi crucial. En unissant leurs efforts, ces leaders peuvent contribuer à créer un environnement propice à des élections libres et équitables, favorisant ainsi la stabilité et la paix au Cameroun.
Alors que le pays se prépare pour cette période électorale déterminante, la question se pose : comment les leaders religieux pourraient-ils surmonter les défis actuels et jouer un rôle encore plus marqué dans la promotion de la paix et de la justice au Cameroun ? Leur engagement sera-t-il suffisant pour influencer positivement le climat politique et encourager une participation citoyenne active ?


