C’est par la voix ferme et assurée de la porte-parole du gouvernement, Laurence Ndong, que le Gabon a annoncé un virage décisif. Le 30 mai dernier, dans le communiqué final du Conseil des ministres, a été rendue publique une décision qui pourrait bien redessiner l’avenir économique du pays : l’interdiction formelle, à compter du 1er janvier 2029, de toute exportation de manganèse brut.
Un acte fort, mûri en silence, mais lourd de sens. Car derrière cette mesure se cache une ambition claire : faire du Gabon une nation productrice de richesse sur son propre sol.
Une rupture nette avec le modèle extractiviste

Deuxième producteur mondial de manganèse, le Gabon tourne le dos à un modèle hérité de la colonisation, où les matières premières africaines partaient brutes, et revenaient transformées, enrichie ailleurs. En interdisant l’exportation à l’état brut, Libreville ouvre un nouveau chapitre : celui de la transformation locale, de la création de valeur ajoutée, et d’une maîtrise stratégique de ses ressources.
Cap sur l’industrialisation made in Gabon

Ce changement de cap s’inscrit dans une politique industrielle ambitieuse, qui vise la construction de complexes métallurgiques, l’installation de chaînes de transformation, et le développement d’un tissu industriel moderne. Les investisseurs sont appelés à produire localement, les multinationales à revoir leurs modèles, et les Gabonais à prendre toute leur place dans cette nouvelle dynamique.
Le gouvernement l’a affirmé sans détour : cette décision est irréversible. Elle s’accompagnera de formations massives, de partenariats technologiques et d’une refonte des filières techniques et scientifiques, pour permettre aux jeunes talents gabonais de devenir les ingénieurs, techniciens, et gestionnaires de cette nouvelle économie.
Un coup d’accélérateur fiscal et social

Transformer localement, c’est aussi mieux contrôler la chaîne de valeur, générer plus de revenus fiscaux, et renforcer la souveraineté budgétaire. Dans un contexte économique mondial tendu, cette mesure pourrait permettre au Gabon de stabiliser ses finances publiques, tout en créant des milliers d’emplois qualifiés.
Un signal fort envoyé à l’Afrique et au monde

En annonçant cette mesure dans le cadre formel d’un Conseil des ministres, et en la confiant à une voix aussi engagée que celle de Laurence Ndong, le Gabon montre qu’il ne s’agit pas d’un effet d’annonce, mais d’une volonté politique ferme.
Le message dépasse ses frontières : l’Afrique peut et doit transformer ses matières premières. Le Gabon, par cette initiative, se pose en éclaireur d’un continent qui aspire à rompre avec la dépendance et à reprendre la main sur son destin économique.
Conclusion : Le manganèse comme symbole d’une renaissance économique
Le rendez-vous est pris pour 2029. Cette date marquera peut-être, dans les livres d’histoire, le moment où le Gabon aura osé dire « non » à la facilité de l’export brut, pour embrasser pleinement le défi de la souveraineté industrielle.
Ce choix n’est pas sans obstacles. Il demandera vision, rigueur, et résilience. Mais il offre surtout une opportunité rare : faire du sol gabonais un terreau d’innovation, de richesse et de dignité économique. https://www.gabonreview.com/2029-le-gabon-ferme-la-porte-au-manganese-brut-et-ouvre-celle-de-lindustrie/


