La grossophobie : un fléau sociétal à combattre
La grossophobie est une forme de discrimination qui touche de nombreuses personnes à travers le monde, mais qui reste encore largement sous-estimée. Ce terme désigne l’ensemble des comportements et préjugés négatifs dirigés vers les individus en situation de surpoids ou d’obésité. En France, une enquête réalisée en 2019 par la Ligue contre l’obésité a révélé que 23 % des personnes en situation d’obésité subissent des discriminations, un chiffre qui grimpe à 41 % pour celles en obésité massive. Ces statistiques mettent en lumière une réalité dérangeante : la stigmatisation des personnes obèses est profondément ancrée dans notre société.
Les jeunes adultes, en particulier, sont les plus touchés par cette forme de discrimination. Selon cette même enquête, 47 % des jeunes femmes obèses ont déjà été victimes de grossophobie. Ce phénomène n’est pas isolé à la France, mais s’étend à de nombreux pays. Aux États-Unis, par exemple, une étude de l’American Journal of Public Health a montré que les personnes obèses sont souvent perçues comme moins compétentes au travail, ce qui peut avoir des répercussions sur leurs opportunités professionnelles.
Un impact profond sur la santé mentale

Les conséquences psychologiques de la grossophobie sont dévastatrices. Les personnes en surpoids subissent une pression constante et un jugement souvent dévastateur. Maud, une patiente de Sophie Janvier, décrit comment cette stigmatisation l’a conduite à développer une mauvaise image d’elle-même et à se sentir jugée dès son enfance. Les effets de cette discrimination se manifestent souvent par des troubles alimentaires, une dépression et une baisse de l’estime de soi. En effet, la grossophobie peut pousser les individus à éviter des situations sociales, comme des rendez-vous médicaux, par peur d’être jugés.
Une enquête menée par le collectif Gras Politique a révélé que 80 % des femmes obèses avaient déjà évité une consultation médicale, de crainte d’être stigmatisées par les professionnels de santé. Cette « grossophobie médicale » peut avoir des conséquences graves sur la santé, car elle empêche les personnes concernées de recevoir les soins nécessaires, aggravant ainsi leur état de santé.
Déconstruire les stéréotypes et promouvoir la diversité corporelle

La lutte contre la grossophobie passe par une remise en question des stéréotypes culturels profondément ancrés. Dans l’imaginaire collectif, le corps obèse est souvent associé à la paresse, au manque de volonté, tandis que la minceur est synonyme de réussite et de beauté. Cette dichotomie est renforcée par les médias et les industries de la mode, qui privilégient des standards de beauté irréalistes. Par exemple, la tendance TikTok #SkinnyTok glorifie des corps très minces, tandis que des filtres comme « fat face » dégradent les personnes en surpoids en les présentant sous un angle comique ou négatif.
Pour briser ce cycle, il est essentiel d’encourager une diversité corporelle positive. Certains influenceurs, comme @lagrossedame, tentent de redéfinir les normes de beauté en montrant que l’on peut être obèse et belle, intelligente, sportive. Il est également crucial de sensibiliser les professionnels de santé à la complexité de l’obésité, qui ne peut être réduite à un simple chiffre sur une balance. La santé ne se résume pas à l’IMC, mais englobe de nombreux facteurs tels que la pression artérielle, la glycémie et le niveau d’activité physique.
En conclusion, la grossophobie est un phénomène complexe qui nécessite une mobilisation collective. Chacun d’entre nous peut jouer un rôle en déconstruisant ses propres préjugés et en promouvant une vision plus inclusive des corps. En nous éduquant et en écoutant les témoignages des personnes touchées, nous pouvons contribuer à un changement positif dans la perception des corps et à une société plus respectueuse envers tous.
Pour en savoir plus : Source : Elle.fr


