Noureddin Bongo Valentin exfiltré vers Londres : l’ultime manœuvre d’un clan en déclin ?
Dans la nuit du 15 au 16 mai 2025, un vol discret a décollé de la capitale gabonaise avec à son bord une figure centrale du régime déchu d’Ali Bongo Ondimba : Noureddin Bongo Valentin. L’ancien coordinateur général des affaires présidentielles, arrêté le jour même du coup de libération militaire du 30 août 2023, a quitté le pays en compagnie de ses parents, l’ex-président Ali Bongo et son épouse Sylvia Bongo Ondimba, à destination de Luanda, en Angola.
Ce départ n’est pas le fruit du hasard. Il est le résultat d’une médiation de haut niveau menée par le président angolais João Lourenço, agissant comme facilitateur régional, et d’une décision de la justice gabonaise évoquant des « raisons de santé ». Une justification officielle qui suscite pourtant la perplexité, tant les accusations pesant sur Noureddin – détournements de fonds publics, blanchiment d’argent et enrichissement illicite – ont cristallisé les revendications de rupture du peuple gabonais à l’égard de l’ancien régime.
Une escale diplomatique à Luanda, avant le refuge londonien

Après une brève escale en Angola, où le trio présidentiel déchu s’est entretenu à huis clos avec plusieurs diplomates, Noureddin s’est envolé pour Londres. Dans la capitale britannique, son épouse Léa et leurs trois enfants – qui y résident depuis 2024 – l’attendaient. La destination de ses parents, elle, reste pour l’instant Luanda, mais selon nos sources diplomatiques, Ali Bongo et Sylvia quitteront l’Angola dans deux semaines pour une destination encore tenue secrète. L’Afrique du Sud, le Maroc et les Émirats arabes unis figurent parmi les hypothèses évoquées.
Un Gabon post-transition, un avenir incertain pour les Bongo

Contrairement aux idées reçues, le Gabon n’est plus en période de transition. Depuis mars 2025, le pays est officiellement entré dans une nouvelle ère constitutionnelle, avec des institutions renouvelées et une volonté affirmée de tourner la page du bongoïsme. Le président Brice Clotaire Oligui Nguema, élu à la suite d’un scrutin organisé par la Commission électorale rénovée, a promis « la justice sans esprit de vengeance ». Mais la sortie du territoire de Noureddin relance les débats sur la sincérité de cette promesse.
De nombreux Gabonais se demandent si ce départ marque le début d’un exil doré pour l’ancien clan présidentiel ou s’il s’inscrit dans un arrangement diplomatique temporaire, en attendant d’éventuelles procédures judiciaires à l’international. En février dernier, la justice française avait déjà ouvert une enquête pour « traitements inhumains » après les plaintes des avocats de Sylvia Bongo, tandis que plusieurs ONG pointent l’opacité des conditions de détention et de libération du fils Bongo.
Un épisode de plus dans une saga encore ouverte

La saga des Bongo est loin d’être terminée. Le départ de Noureddin Valentin vers Londres semble marquer une désescalade voulue par les nouveaux dirigeants gabonais, soucieux de redorer leur image sur la scène internationale. Mais pour les partisans d’une véritable rupture, cette exfiltration pose une question majeure : jusqu’où ira la justice gabonaise dans sa quête de vérité, si les principaux protagonistes s’éloignent ?
À Londres, Noureddin Bongo Valentin retrouve donc une liberté relative. Mais c’est désormais sous le regard du monde que se joue le prochain chapitre de cette histoire, entre mémoire du passé, exigences de justice, et enjeux de réconciliation nationale.


