Par notre correspondant spécial
À mesure que se rapproche la présidentielle du 12 avril prochain, les fantômes du passé ressurgissent avec insistance dans le sillage d’Alain-Claude Bilie-By-Nze. L’ancien Premier ministre et ex-porte-parole du régime Bongo se retrouve de nouveau au centre de la tourmente, cette fois rattrapé par les douloureux souvenirs de la crise post-électorale de 2016.
Alors que la campagne bat son plein, Bilie-By-Nze, confronté à l’indignation des familles de victimes, tente de se dédouaner. Sur les pertes humaines enregistrées au lendemain de l’élection controversée de 2016, il renvoie désormais la responsabilité à deux poids lourds de l’époque : Pacôme Moubele Boubeya, ministre de l’Intérieur, et Mathias Otounga Ossibadjouo, en charge de la Défense. Tous deux étaient, comme lui, membres du courant Mogabo au sein du Parti démocratique gabonais (PDG).

Mais ce glissement de blâme peine à convaincre. Sur le terrain, les blessures sont encore béantes. Lors d’une rencontre avec des familles endeuillées, l’un de leurs membres aurait lâché à son endroit cette phrase aussi poignante que révélatrice : « Monsieur Bilie-By-Nze, je ne vous déteste pas, mais je vous hais. » Une parole lourde, qui traduit le profond ressentiment accumulé à l’encontre de celui qui fut pendant des années l’un des visages les plus visibles — et souvent les plus tranchants — de la défense du régime d’Ali Bongo Ondimba.

L’homme, aujourd’hui en quête d’un destin présidentiel, semble mesurer l’ampleur du rejet. Conscient du passif, il multiplie les gestes d’apaisement, demande pardon, tente d’humaniser son image. Mais dans une société encore marquée par les violences de 2016, les mots suffisent-ils ? La plaie est-elle refermable par un simple acte de contrition politique ?
Une chose est sûre : cette présidentielle ne se jouera pas seulement sur des programmes ou des slogans. Elle se jouera aussi dans les consciences, dans la mémoire collective d’un peuple meurtri. Alain-Claude Bilie-By-Nze, lui, devra convaincre qu’il n’est plus l’homme d’hier. Mais saura-t-il réellement effacer les stigmates d’un passé si lourd ?
Nous y reviendrons.