Réseaux sociaux et politique au Cameroun

Une nouvelle ère de communication politique
Les réseaux sociaux ont profondément modifié le paysage politique au Cameroun. Ils offrent une plateforme unique pour l’expression des citoyens et leur mobilisation. Contrairement aux médias traditionnels, souvent sous contrôle gouvernemental, des personnalités politiques comme Issa Tchiroma Bakary tirent parti de Facebook, TikTok et WhatsApp pour se connecter directement avec le public. Ces outils permettent de contourner des canaux jugés partisans, atteignant ainsi un auditoire élargi, en particulier les jeunes électeurs qui privilégient ces réseaux pour s’informer et s’engager.
Ce phénomène a été particulièrement marquant lors des élections présidentielles de 2025. Tchiroma a capitalisé sur la méfiance grandissante envers le régime de Paul Biya. À travers des messages porteurs d’espoir et des interactions directes avec ses partisans, il a réussi à mobiliser une base électorale significative, remettant en question le monopole de la communication politique détenu traditionnellement par le gouvernement. Les réseaux sociaux ont ainsi permis l’émergence de nouveaux leaders charismatiques, au détriment des partis établis.
Cette évolution met en lumière une crise de confiance envers les institutions politiques traditionnelles, alimentée par l’immobilisme constaté chez les dirigeants. En quête de changement, les électeurs se tournent vers des figures politiques qui semblent davantage en résonance avec leurs préoccupations, témoignant ainsi d’un tournant dans la perception et la pratique politique au Cameroun.

Les dangers de la désinformation
Toutefois, l’essor des réseaux sociaux ne va pas sans risques. Asta Djouldé, Sénatrice du département de la Vina, a récemment exprimé des préoccupations quant à la propagation de fausses informations et de discours haineux sur ces plateformes. Dans un communiqué, elle a appelé à la vigilance, avertissant que les réseaux sociaux peuvent devenir un terrain propice aux manipulateurs et aux semeurs de discorde.
La désinformation peut engendrer des conséquences graves, exacerbant les tensions et polarisant la société. Souvent mal informés, les électeurs peuvent être influencés par des contenus biaisés, déformant la réalité des enjeux politiques. Cette situation soulève des questions cruciales sur la responsabilité des réseaux sociaux en matière de régulation des contenus.
Les autorités camerounaises doivent trouver un équilibre entre la liberté d’expression et la protection de la démocratie contre les abus. Mettre en place des mécanismes de vérification des faits et promouvoir l’éducation aux médias semblent essentiels pour contrer la désinformation et renforcer la résilience des citoyens face aux manipulations.

Vers une politique de rupture
La montée des réseaux sociaux au Cameroun s’inscrit dans un désir plus large de rupture avec un système politique jugé dépassé. Les jeunes électeurs, en particulier, aspirent à un changement radical, nourri par des frustrations face à l’immobilisme du régime Biya, au pouvoir depuis plus de quarante ans. Cette volonté se manifeste non seulement par le soutien à des personnalités comme Tchiroma, mais aussi par une remise en question des valeurs et des pratiques politiques établies.
Les réseaux sociaux jouent un rôle déterminant dans cette dynamique, permettant aux citoyens de s’organiser, de partager des idées et de revendiquer leurs droits. Les mouvements de contestation, souvent initiés et amplifiés en ligne, illustrent une nouvelle forme d’engagement civique capable de redéfinir le paysage politique camerounais. Néanmoins, cette évolution est confrontée à des défis, notamment la répression et la censure, que le régime en place n’hésite pas à exercer pour maintenir son contrôle.
À l’avenir, l’adaptation des acteurs politiques à cette nouvelle réalité sera cruciale pour leur réussite. Les partis traditionnels devront réévaluer leurs stratégies de communication et d’engagement pour ne pas être distancés par des mouvements émergents exploitant les outils numériques de manière plus efficace. La question demeure : le Cameroun est-il prêt à embrasser une vraie transformation politique, ou les anciennes pratiques continueront-elles de prévaloir ?


