Rôle de l’Église catholique au Cameroun

Un acteur de la paix et de la réconciliation
Dans un Cameroun en proie à des tensions politiques croissantes, l’Église catholique s’affirme comme un acteur essentiel dans la quête de paix et de réconciliation. L’élection présidentielle du 12 octobre 2025 a intensifié les frictions sociales et politiques, entraînant violences et manifestations. Mgr Samuel Kleda, archevêque métropolitain de Douala, n’a pas caché son inquiétude face aux agressions verbales et physiques contre les citoyens. Il a clairement affirmé que la démocratie ne peut s’épanouir dans un climat d’intimidation, soulignant le rôle crucial de l’Église pour encourager le dialogue. »
La prière œcuménique du 25 octobre 2025 à la Base BIR Salak, réunissant des aumôniers de diverses confessions, illustre cette volonté d’unir les cœurs. Par cet acte, l’Église souhaite franchir les barrières des divisions et appeler au retour à la sérénité. Cet engagement dépasse la simple prédication de la paix ; il s’agit d’une action concrète pour fédérer les communautés autour d’un but commun : la paix durable.
De surcroît, Mgr Kleda a mis en relief les impacts des violences post-électorales sur la vie des citoyens, notamment les jeunes. À travers ses actions et ses messages, l’Église cherche à sensibiliser le public à l’importance de la paix et de la justice sociale, tout en condamnant les dérapages qui menacent la cohésion nationale.

Une voix critique face à l’injustice
Le rôle de l’Église catholique, cependant, ne se limite pas à la promotion de la paix. Elle se veut également une voix critique contre les injustices. Le père Ludovic Lado, prêtre jésuite, a récemment adressé une lettre ouverte au Pape Léon XIV, insistant sur la nécessité pour l’Église de ne pas soutenir un régime qu’il juge illégitime. Il dénonce les fraudes ayant entaché les élections de 2025 et appelle à une parole prophétique empreinte de vérité et de compassion.
Cette posture est d’une grande importance dans un pays où la contestation populaire est fréquemment réprimée. L’Église catholique, en tant qu’institution respectée, possède la capacité d’influencer l’opinion publique et de mobiliser les consciences. En dénonçant les abus de pouvoir et en plaidant pour la justice, elle joue un rôle fondamental dans le combat contre l’oppression et les inégalités sociales.
Au-delà de la critique, l’Église propose des solutions concrètes pour renforcer la réconciliation nationale. Par exemple, le père Lado suggère une médiation par la Communauté de Sant’Egidio, démontrant ainsi que l’Église ne se limite pas aux paroles, mais cherche activement des solutions durables aux crises politiques du pays.

Un engagement pour l’avenir
Face aux complexités politiques du Cameroun, l’engagement de l’Église catholique est plus crucial que jamais. Mgr Emmanuel Abbo, évêque du diocèse de Ngaoundéré, insiste sur la nécessité de reconnaître la douleur et la souffrance des citoyens pour maintenir la paix. Il souligne que les solutions temporaires ne suffisent pas ; une lutte prolongée contre les injustices est impérative.
Cette vision à long terme s’avère essentielle pour établir un avenir pacifique et juste. En tant qu’institution morale, l’Église a la responsabilité d’éduquer et de sensibiliser les familles sur les dangers des discours de haine et de violence. Par la promotion de valeurs de compassion et de solidarité, elle peut contribuer à bâtir une société plus unie et résiliente.
En résumé, l’Église catholique au Cameroun endosse un rôle multifacette, oscillant entre médiation, critique des injustices et promotion de la paix. À travers ses actions et ses discours, elle se confronte aux défis contemporains tout en ouvrant la voie vers un avenir meilleur. Dans ce contexte, la question demeure : comment l’Église pourra-t-elle continuer à être un vecteur de changement positif dans un environnement aussi tumultueux ?


