Le Gluten : Un Coupable Mal Compris ?
Depuis quelques années, le gluten est devenu l’ennemi public numéro un des adeptes d’une alimentation saine. Pains, pâtes, gâteaux : la liste des aliments à éviter semble interminable. Sur les réseaux sociaux et dans les rayons des supermarchés, le terme « sans gluten » est omniprésent. Cependant, une étude récente publiée dans « The Lancet » remet en question cette tendance. Selon les chercheurs, le gluten ne serait pas le principal responsable des troubles digestifs que beaucoup évoquent.
Cette recherche, menée par une équipe internationale comprenant des scientifiques d’Australie, des Pays-Bas, d’Italie et du Royaume-Uni, a analysé des données concernant la sensibilité au gluten non cœliaque. Leurs conclusions sont surprenantes : de nombreux patients qui attribuent leurs symptômes au gluten pourraient en réalité réagir à d’autres substances présentes dans leur alimentation.
Les Vrais Coupables : Les FODMAPs
L’étude met en lumière les FODMAPs, un groupe de glucides fermentés difficiles à digérer. Ces substances se trouvent dans de nombreux aliments considérés comme sains, tels que les pommes, les poires, certains légumes comme l’oignon ou l’ail, ainsi que dans les produits laitiers et les aliments à base de blé. Ces glucides peuvent être à l’origine de ballonnements, de gaz et d’autres inconforts digestifs.
Les chercheurs ont observé que de nombreuses personnes atteintes du syndrome du côlon irritable (SCI) ressentent des symptômes similaires à ceux des « intolérants au gluten », alors que la source de leur inconfort pourrait être liée à une mauvaise absorption des FODMAPs. Une méta-analyse de plusieurs études a montré que jusqu’à 75% des personnes atteintes de SCI réagissent bien à un régime pauvre en FODMAPs, soulignant ainsi l’importance de cette découverte.
Le Lien Psychologique et Digestif
Un autre aspect fascinant de cette étude est le rôle du mental dans la perception des symptômes digestifs. Certaines personnes, convaincues que le gluten est la source de leurs douleurs, pourraient éprouver des symptômes simplement en raison de cette croyance. Ce phénomène, bien connu des chercheurs, souligne l’interconnexion entre l’état d’esprit et le système digestif.
La professeure Jessica Biesiekierski, principale auteure de l’étude, explique que les individus atteints du syndrome de l’intestin irritable qui croient être sensibles au gluten réagissent de manière similaire à la consommation de gluten, de blé et même à un placebo. Cela démontre à quel point nos attentes et notre interprétation des sensations intestinales peuvent influencer notre bien-être.
Un Nouveau Regard sur l’Alimentation
Cette étude incite à repenser notre approche de l’alimentation et des troubles digestifs. Plutôt que de diaboliser le gluten, il serait peut-être plus judicieux d’examiner notre consommation de FODMAPs et d’autres aliments. En effet, une enquête menée par l’Institut National de la Santé Publique en France a révélé que près de 20% de la population française souffre de troubles digestifs, ce qui souligne l’importance de cette problématique.
Les résultats de cette étude pourraient également influencer les recommandations nutritionnelles à l’échelle mondiale. Avec une prise de conscience croissante des impacts de l’alimentation sur la santé, il est essentiel de se concentrer sur des pratiques alimentaires saines, plutôt que de se focaliser uniquement sur l’élimination d’un seul type d’aliment.
En conclusion, le gluten n’est peut-être pas le vilain personnage que l’on a souvent peint. Avec des recherches approfondies, il devient évident que d’autres aliments, souvent jugés sains, peuvent également être à l’origine de nos maux. L’éducation sur la nutrition et la digestion est plus cruciale que jamais afin d’aider chacun à mieux comprendre son corps et à faire des choix éclairés.
Pour en savoir plus : Source : Elle.fr


