Initiatives pour la paix dans les Grands Lacs

Accord-cadre d’Addis-Abeba : Un consensus régional
Signé le 24 février 2013, l’Accord-cadre d’Addis-Abeba marque un tournant essentiel dans les efforts de paix en République Démocratique du Congo (RDC) et dans toute la région des Grands Lacs. Soutenu par les Nations Unies, cet accord engage treize pays signataires à respecter la souveraineté des États voisins et à ne pas apporter leur soutien à des groupes armés. Dans son rapport semestriel du 16 octobre 2025, Antonio Guterres, secrétaire général de l’ONU, a salué cet accord comme le consensus régional le plus complet en vue de mettre fin aux conflits. Pourtant, sa mise en œuvre demeure un défi considérable, notamment en ce qui concerne le rapatriement des membres de groupes armés étrangers qui ont déposé les armes.
La situation sur le terrain, teintée de conflits interethniques et de luttes pour le contrôle des ressources, complique l’application de cet accord. Néanmoins, des avancées diplomatiques, telles que des accords de paix entre la RDC et le Rwanda, montrent une volonté de dialogue et de coopération régionale. Ces démarches sont essentielles pour instaurer un climat de confiance et favoriser une paix durable.

Les accords de Washington et de Doha : Vers une résolution durable
Les accords de Washington, signés le 27 juin 2025, et de Doha, le 14 octobre 2025, marquent des avancées notables dans le processus de paix. Le premier vise à renforcer la coopération entre la RDC et le Rwanda, en mettant l’accent sur la sécurité et la lutte contre les groupes armés, en particulier les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR). Ces discussions, facilitées par les États-Unis, ont permis de coordonner des actions pour neutraliser les menaces qui pèsent sur la région.
Quant à l’accord de Doha, il établit un mécanisme de surveillance et de vérification du cessez-le-feu entre le gouvernement congolais et l’AFC/M23. Soutenu par le Qatar et les États-Unis, ce mécanisme vise à garantir le respect des engagements des parties tout en favorisant un dialogue inclusif. Stéphane Dujarric, porte-parole du secrétaire général de l’ONU, a qualifié cet accord de percée importante pour désamorcer les tensions dans l’est de la RDC.

La conférence internationale de Paris : Un appel à l’action humanitaire
Prévue le 30 octobre 2025, la conférence internationale sur la paix et la prospérité à Paris témoigne de l’engagement de la communauté internationale face à la crise humanitaire dans les Grands Lacs. Organisé par la France en collaboration avec le Togo, cet événement rassemblera des acteurs politiques et humanitaires de cinquante pays. L’ambassadeur de France en RDC, Rémy Maréchaux, a souligné l’importance cruciale de cette rencontre pour mobiliser des fonds et attirer l’attention internationale sur la situation des populations affectées par les conflits.
Dans un contexte où le financement humanitaire diminue, aggravé par la fermeture de certaines agences comme USAID, cette initiative prend tout son sens. La conférence abordera également des enjeux cruciaux tels que le droit international humanitaire, essentiel pour garantir l’accès et la liberté d’action des acteurs humanitaires auprès des populations dans le besoin. Justine Muzik Piquemal, directrice régionale de Solidarités International, a insisté sur l’urgence d’une réponse humanitaire renforcée, révélant que plus de 5,7 millions de personnes ont été déplacées à cause des hostilités dans l’est de la RDC.
Une paix durable
Les initiatives internationales pour la paix et la stabilité dans les Grands Lacs sont diversifiées et significatives. De l’Accord-cadre d’Addis-Abeba aux récents accords de Washington et de Doha, chaque effort vise à établir un cadre propice à la paix. Cependant, la mise en œuvre de ces accords requiert un engagement ferme des États concernés, ainsi que de la communauté internationale.
À l’approche de la conférence de Paris, il est primordial de réfléchir à la manière dont ces initiatives peuvent être renforcées pour assurer un avenir pacifique et prospère pour les populations de la région. Les défis persistent, mais la volonté de dialogue et de coopération constitue un pas dans la bonne direction. Comment la communauté internationale peut-elle garantir que ces efforts ne demeurent pas vains et se traduisent par des actions concrètes sur le terrain ?


