Influence des Médias sur l’Opinion Publique au Cameroun

Contexte Électoral et Médias Traditionnels
Les élections présidentielles du 12 octobre 2025 ont montré un tournant majeur dans le paysage médiatique camerounais. Dans une époque où la confiance envers les médias traditionnels décline, le ministre de la Communication, René Emmanuel Sadi, a appelé à un journalisme responsable. Lors d’une rencontre avec des journalistes, il a insisté sur le rôle essentiel de ces derniers pour préserver la paix et la démocratie. La désinformation, comme constaté durant la crise anglophone, exacerbe les tensions politiques.
Historiquement, les médias traditionnels tels que la télévision et la radio ont été les sources d’information privilégiées. Pourtant, leur crédibilité est fragilisée par des accusations de partialité et de manque de professionnalisme. Les critiques, celle de Stephane Edzigui en tête, soulignent la médiocrité de la communication gouvernementale, torpillant la perception du journalisme. Ce climat de méfiance a provoqué une quête d’alternatives, particulièrement sur les réseaux sociaux, désormais incontournables.
Les médias traditionnels doivent donc intensifier leurs efforts pour regagner la confiance du public. Cela requiert non seulement une amélioration de la qualité de l’information, mais aussi une plus grande transparence dans le traitement des sujets sensibles. Dans un contexte où circulent des résultats électoraux non officiels, la responsabilité des journalistes apparaît cruciale. Seul le Conseil Constitutionnel a le pouvoir de proclamer les résultats, rappelant l’importance de l’exactitude.

Ascension des Réseaux Sociaux
La montée des réseaux sociaux a transformé la façon dont les Camerounais s’informent et s’engagent politiquement. Des plateformes comme Facebook et TikTok sont devenues des espaces principaux de diffusion d’informations, souvent en rivalité avec les médias traditionnels. Jean-Paul Pougala a noté que les électeurs privilégient ces nouveaux canaux, recherchant des contenus qui font écho à leurs opinions et frustr
ations. Cela illustre un changement radical dans la consommation médiatique.
Cela a des répercussions profondes sur le paysage politique. Les candidats comme Issa Tchiroma, qui se présentent comme des outsiders, bénéficient d’une visibilité accrue, contournant des médias perçus comme biaisés. Cette personnalisation de la politique, favorisée par les réseaux sociaux, remet en question les institutions traditionnelles et le système démocratique, permettant à l’opinion publique d’être façonnée par des contenus viraux plutôt que par des analyses approfondies.
Néanmoins, cette tendance soulève d’importantes préoccupations quant à la qualité de l’information. La propagation de fausses nouvelles sur les réseaux sociaux influence négativement l’opinion publique, créant un environnement où la vérité se trouve souvent noyée dans des récits sensationnels. Les médias traditionnels, ayant perdu leur monopole, doivent assimiler cette réalité en intégrant les réseaux sociaux dans leur stratégie de communication.

Vers une Responsabilité Partagée
Face à ces défis, la responsabilité des médias, traditionnels ou numériques, est cruciale. Le ministre Sadi a exhorté à une maturité accrue des acteurs médiatiques. La paix et la démocratie dépendent en grande partie de la qualité de l’information diffusée. Il est impératif d’éviter la désinformation et de promouvoir un journalisme d’investigation rigoureux.
Les acteurs politiques et la société civile doivent aussi s’impliquer. Un dialogue républicain, comme le suggère Edzigui, est essentiel pour établir un climat de confiance entre les médias et le public. Reconnaître les talents locaux et respecter les opinions des Camerounais, même contraires aux positions officielles, est fondamental.
En définitive, l’influence des médias sur l’opinion publique au Cameroun, post-électoral, est complexe. Alors que les réseaux sociaux prennent de l’ampleur, les médias traditionnels doivent s’adapter tout en maintenant des standards éthiques élevés. La question clé demeure : comment naviguer dans cette évolution tout en restant les gardiens de la démocratie ?


