Ouattara et le paysage politique ivoirien
Un quatrième mandat controversé
La candidature d’Alassane Ouattara pour un quatrième mandat à la présidence de la Côte d’Ivoire, prévue pour l’élection d’octobre 2025, déclenche des réactions mitigées parmi la population et les politiciens. Depuis son accession au pouvoir en mai 2011, Ouattara a surmonté d’importantes crises, notamment la guerre civile de 2010-2011, un épisode qui a profondément marqué le pays. Si son mandat est souvent salué pour des avancées économiques, il n’échappe pas aux critiques portant sur des dérives autoritaires et une exclusion politique manifeste.
Le 8 septembre 2025, le Conseil constitutionnel, dirigé par Chantal Nanaba Camara, a validé sa candidature. Cette décision a ravivé les tensions au sein de l’opposition. Les critiques dénoncent un « processus électoral verrouillé » ; ils pointent des décisions qu’ils jugent anticonstitutionnelles, favorisant le maintien d’Ouattara au pouvoir. Cette situation met en exergue les fractures dans la société ivoirienne, où de nombreux citoyens se sentent écartés du processus démocratique.
Les tensions augmentent encore avec le retour sur la scène politique de figures emblématiques de l’opposition, telles que Simone Gbagbo et Jean-Louis Billon. Leur présence représente une réelle alternative mais révèle aussi les divisions internes. Tandis que certains prônent l’unité, d’autres semblent privilégier des ambitions personnelles, rendant difficile la formation d’un front uni contre le RHDP (Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix).

Réactions de l’opposition et tensions croissantes
Face à la candidature d’Ouattara, l’opposition ivoirienne se retrouve à un point critique. Le boycott de l’ouverture de la session parlementaire par les députés du PDCI-RDA et du PPA-CI le 1er octobre 2025 illustre leur mécontentement contre un système qu’ils jugent déloyal. Ils dénoncent un climat de répression politique, où les médias publics sont mobilisés pour promouvoir les intérêts du RHDP, tandis que les voix récalcitrantes sont muselées.
Des leaders comme Maurice Kakou Guikahué affirment leur détermination à œuvrer pour une élection « transparente, inclusive et respectueuse de la Constitution ». Leur appel à un dialogue constructif est essentiel pour désamorcer les tensions et instaurer un climat de confiance. Cependant, la fragmentation de l’opposition, amplifiée par des figures comme Tidjane Thiam et Laurent Gbagbo qui poursuivent leurs propres ambitions, complique la situation.
Dans ce contexte, des initiatives comme celle d’Ahoua Don Mello, visant à rassembler les forces politiques contre le quatrième mandat d’Ouattara, prennent une importance cruciale. Sa volonté de construire une coalition solide pourrait représenter un tournant décisif. Toutefois, la réussite de cette démarche dépendra de la capacité des différents acteurs à mettre de côté leurs divergences et à s’unir autour d’un objectif commun.

Perspectives d’avenir et enjeux démocratiques
À l’approche des élections du 25 octobre 2025, l’avenir politique de la Côte d’Ivoire demeure incertain. La candidature d’Ouattara, soutenue par un groupe de huit partis politiques, le G8, mise sur la jeunesse pour garantir sa réélection. Cependant, elle soulève des questions concernant la durabilité de la paix et de la stabilité. Les tensions politiques croissantes mettent à l’épreuve les promesses de consolidation des acquis des quinze dernières années.
Les déclarations de Kobenan Kouassi Adjoumani, porte-parole du RHDP, mettent en avant la volonté du parti de remporter les élections avec un score éclatant, tout en rejetant les accusations de manipulation de l’opposition. Cette rhétorique, si elle rassure les partisans d’Ouattara, ne fait qu’accentuer l’angoisse de ceux qui espèrent un changement significatif.
Les enjeux démocratiques sont donc cruciaux. La capacité de l’opposition à s’unir et à proposer une alternative crédible sera déterminante. Les jeunes, représentant une part importante de l’électorat, peuvent jouer un rôle clé dans cette dynamique. Leur engagement en faveur d’une élection libre et équitable sera essentiel pour influencer le résultat et, par conséquent, l’orientation future du pays.
À l’aube d’une élection potentiellement décisive, la question persiste : la Côte d’Ivoire est-elle prête à embrasser un changement radical, ou le statu quo prévaudra-t-il ? Les mois à venir seront déterminants pour l’avenir politique du pays et la légitimité de ses institutions.


