Dans une intervention remarquée à la 80ᵉ Assemblée générale des Nations unies, le président de la Transition gabonaise, Brice Clotaire Oligui Nguema, a lancé un appel pressant à une réforme profonde du Conseil de sécurité. Selon lui, l’organe censé garantir la paix mondiale souffre aujourd’hui d’un déséquilibre historique qui nuit à sa crédibilité et à son efficacité face aux crises contemporaines.
Un diagnostic sans détour
Le chef de l’État gabonais a dressé un constat clair : « Le monde de 1945 n’est plus celui de 2025 ». Pour lui, le système actuel, dominé par les cinq membres permanents (États-Unis, Russie, Chine, France et Royaume-Uni) disposant du droit de veto, reflète une architecture dépassée. Les réalités géopolitiques et démographiques du XXIᵉ siècle, marquées par l’essor de l’Afrique, de l’Asie et de l’Amérique latine, exigent une représentation plus équitable.
En soulignant l’exclusion de l’Afrique des sièges permanents, Oligui Nguema a dénoncé une injustice qui affaiblit la légitimité de l’institution. « Comment parler de paix universelle quand un continent de plus d’un milliard d’habitants reste sans voix décisionnelle ? » a-t-il interrogé, déclenchant l’approbation d’une partie de l’assemblée.
Le plaidoyer gabonais
Le président a réitéré l’engagement du Gabon à soutenir l’Initiative africaine pour une réforme du Conseil, qui prône l’attribution d’au moins deux sièges permanents et cinq sièges non permanents supplémentaires au continent. Cette position rejoint les résolutions de l’Union africaine et les appels répétés de plusieurs chefs d’État, notamment du Nigeria, de l’Afrique du Sud et du Sénégal.
Pour Libreville, il ne s’agit pas seulement d’une revendication symbolique mais d’une nécessité stratégique. L’Afrique, confrontée aux défis du terrorisme, du changement climatique et des conflits internes, doit participer activement aux décisions mondiales qui impactent sa stabilité.
Enjeux et résistances
Cette réforme, bien que largement soutenue par de nombreux pays du Sud, se heurte depuis des décennies aux réticences des membres permanents, peu enclins à partager leur influence. Oligui Nguema en est conscient, mais il estime que « la légitimité finira par imposer l’évidence ». Son intervention s’inscrit ainsi dans un mouvement plus large de contestation de l’ordre international hérité de l’après-guerre, où les nouvelles puissances émergentes exigent une gouvernance mondiale plus démocratique.
Une diplomatie de conviction
En prenant fermement position, le président gabonais poursuit une diplomatie de conviction déjà visible dans les initiatives régionales de médiation engagées par Libreville. Pour les analystes, ce discours conforte l’image d’un Gabon qui, malgré sa transition politique, entend peser sur la scène internationale en défendant la voix africaine.
Conclusion : un message qui résonne
La proposition de Brice Clotaire Oligui Nguema ne changera pas l’architecture onusienne du jour au lendemain, mais elle ajoute du poids au mouvement mondial pour une gouvernance plus juste. En plaçant l’Afrique au cœur du débat sur la réforme du Conseil de sécurité, le chef de l’État gabonais rappelle que la paix universelle ne peut se construire sans une représentation véritablement inclusive.
