Libération à Port-Gentil : Révélations sur les incohérences judiciaires

Contexte de l’affaire et acquittement
Le 11 août 2025, la Cour criminelle de Port-Gentil a rendu une décision marquante en acquittant quatre jeunes hommes : Janvier Mavioga, Nathan Mounguengui, Graig Mangouka Kebilanou et Alex Omanda Nkolo. Après trois ans de détention pour un vol sous la menace d’une arme apparente, cette décision a été motivée par des incohérences dans les déclarations de la victime, Serge Dimitri Mambo. De plus, l’absence de preuves matérielles solides a été déterminante. Les événements s’étaient déroulés le 31 juillet 2022, lorsque Mambo a rapporté avoir été dépouillé de 259 000 FCFA et d’un iPhone 7+.
Au départ, Alex Omanda Nkolo a admis sa participation. Pourtant, il a ensuite affirmé avoir subi des pressions lors des interrogatoires, suscitant des interrogations sur la légitimité de cet aveu. D’autres accusés ont corroboré ce témoignage en dénonçant des actes de torture. L’avocat de la défense, Me Lin Joël Ngandu, a souligné ces incohérences, jouant un rôle clé dans la décision de la Cour.
Ce verdict, qui mette fin à une longue détention, a également mis en lumière les failles significatives du système judiciaire à Port-Gentil. Il soulève des questions sur la fiabilité des témoignages et souligne l’importance de protéger les droits des accusés. L’absence de preuves tangibles a révélé un besoin urgent de réforme judiciaire.

Les incohérences judiciaires : un problème systémique
L’affaire des quatre jeunes acquittés met en lumière des incohérences judiciaires qui ne sont pas des cas isolés. De nombreuses études révèlent que les systèmes judiciaires de pays en développement souffrent souvent de problèmes similaires, tels que des témoignages peu fiables et des méthodes d’interrogatoire contestables. Un rapport de l’Organisation mondiale contre la torture indique que des pratiques comme la torture pour obtenir des aveux perdurent dans certaines juridictions.
À Port-Gentil, les incohérences dans les déclarations de la victime, notamment sur le nombre d’agresseurs et la nature de l’arme, témoignent d’un manque de rigueur dans l’enquête initiale. Ces éléments remettent en question la crédibilité des témoignages et, par conséquent, la légitimité des poursuites. Des avocats comme Me Ngandu militent pour une meilleure formation des forces de l’ordre et des magistrats, afin de garantir le respect des droits des accusés et d’assurer la rigueur des enquêtes.
Les conséquences de ces incohérences sont profondes. Elles rendent la confiance dans le système judiciaire fragile. Les citoyens peuvent douter de l’impartialité des jugements, ce qui dissuade de nombreuses victimes de crimes de porter plainte, par crainte que leur témoignage ne soit pas pris au sérieux ou qu’elles deviennent des accusées à leur tour.

Vers une réforme nécessaire du système judiciaire
La libération des quatre jeunes hommes à Port-Gentil soulève des questions pressantes sur la nécessité de réformer le système judiciaire. Les incohérences mises en lumière par cette affaire mettent en avant l’importance d’établir des normes claires pour la collecte des preuves et la gestion des témoignages. Des experts en droit pénal, comme le professeur Jean-Claude Nguema, insistent sur l’urgence de réformes pour assurer la justice et protéger les droits humains.
Les mesures envisagées pourraient inclure l’établissement de protocoles stricts pour les interrogatoires, l’utilisation de technologies modernes pour enregistrer les témoignages et la formation continue des acteurs judiciaires. Par ailleurs, encourager une culture de transparence et de responsabilité est crucial pour restaurer la confiance du public en ces institutions. Cela pourrait également contribuer à éviter que des situations similaires se reproduisent à l’avenir.
En fin de compte, la libération des quatre jeunes hommes à Port-Gentil représente non seulement une victoire pour eux, mais appelle à une action collective en faveur de la justice. Les interrogations soulevées par cette affaire méritent une attention soutenue, ainsi qu’un débat public sur les voies d’amélioration du système judiciaire, afin de mieux servir la société.


