Autopsie d’un mal qui ronge nos entreprises
Ils sont partout. Dans les couloirs feutrés des entreprises comme dans les salles de réunion aseptisées. Derrière leurs chemises repassées et leurs PowerPoints fades, ils sèment le doute, l’usure psychologique et le découragement. Les mauvais managers ne sont plus une exception : ils sont devenus légion. Et Harvard, cette tour d’ivoire du savoir mondial, vient d’en livrer le diagnostic implacable. Sans filtre, ni jargon. Juste des faits.
Le manager toxique : ce portrait-robot devenu classique

Selon une étude relayée par la Harvard Business Review, trois postures typiques permettent de repérer un chef d’équipe qui n’a de leader que le titre sur sa carte de visite :
L’évitant émotionnel, qui fuit toute interaction humaine, communique à peine, ou sur-réagit dès que le conflit surgit ; Le manipulateur dominateur, dont la stratégie repose sur l’humiliation des autres pour mieux exister ;
Le servile conformiste, qui s’aligne sur la hiérarchie sans jamais porter ni ambition collective ni soutien réel à ses troupes.
L’échec d’un management par défaut
On les retrouve souvent là par erreur, par copinage ou par miracle organisationnel. Et pourtant, ces profils prospèrent. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : un tiers des salariés quittent leur poste à cause de leur supérieur direct, d’après une enquête OpinionWay. Le mal est profond. Et ses conséquences, ravageuses : démotivation, désengagement, fuite des talents.
La kakistocratie : quand les pires dirigent
Le mot est barbare, mais il est tristement d’actualité. Kakistocratie. Le gouvernement des pires. La chercheuse Isabelle Barth en a fait le cœur de son ouvrage. Elle y décrypte ce phénomène pernicieux : des chefs sans vision, ni compétence, propulsés au sommet. La médiocrité érigée en système. Une “idiocratie” qui se moque du mérite et célèbre l’ignorance.
Et vous, avez-vous déjà murmuré ce doute silencieux ? “Mais comment cette personne a-t-elle pu être nommée à ce poste ?” Si la réponse est oui, c’est que vous avez déjà croisé ce mal rampant qui gangrène non seulement le monde de l’entreprise, mais aussi, parfois, celui de la politique, de l’administration, voire de l’éducation.
Quand le silence devient complicité
Il est temps de briser le tabou. De cesser de normaliser l’incompétence sous couvert de loyauté ou de stabilité. Car derrière chaque salarié en burn-out, chaque talent parti trop tôt, il y a parfois un manager inapte, et un système complice. Harvard ne fait que confirmer ce que beaucoup savaient déjà : il est urgent de réhabiliter le vrai leadership, celui qui élève les autres, et non celui qui s’élève sur leurs dos.
Conclusion : Le pouvoir ne devrait jamais être un abri pour les médiocres. Qu’il soit politique ou professionnel, le leadership n’est pas une récompense, c’est une responsabilité. Et peut-être, aussi, le reflet de ce que nous tolérons en silence.


