Tensions à Douala : L’Identification des Mototaxis en Question

Contexte de la Mesure d’Identification
Le 8 juin 2025, le maire de Douala, Roger Mbassa Ndine, a annoncé une réglementation obligeant les conducteurs de motos-taxis à porter des chasubles homologuées par la mairie. Cette décision, censée encadrer l’activité des moto-taximen, a été considérée comme brutale et mal expliquée. L’obligation de ces chasubles a entraîné une réaction virulente des conducteurs, qui se sont sentis stigmatisés par les autorités.
Cette mesure intervenait dans un climat de tensions politiques, alors que Maurice Kamto, figure influente, était attendu à Douala après un meeting à Paris. Les autorités semblaient chercher à renforcer leur contrôle sur le secteur du transport, en particulier sur les motos-taxis, essentielles pour la mobilité urbaine. Cependant, la communication et l’exécution de cette décision ont attisé le mécontentement des conducteurs, qui se sont sentis exclus du processus décisionnel.
Les chasubles, en théorie conçues pour faciliter l’identification, ont été perçues comme une forme de stigmatisation. Les conducteurs, faisant entendre leur mécontentement, ont bloqué la circulation sur l’axe Salle des fêtes – Carrefour Bonakouamouang, démontrant ainsi leur détermination à s’opposer à une mesure qu’ils jugent comme une atteinte à leur dignité professionnelle.

Les Conséquences de la Manifestation
Le 12 juin, la situation s’est envenimée lorsque les forces de l’ordre, soutenues par la police et la gendarmerie, ont tenté de rétablir l’ordre après les blocages de routes effectués par les conducteurs. Cette opération a entraîné des affrontements violents, révélant les tensions profondes entre les autorités et les travailleurs du secteur informel. Les motos interceptées ont été emmenées à la fourrière, une provocation supplémentaire pour des manifestants déjà en colère.
Les répercussions de cette manifestation vont au-delà des simples perturbations de trafic. Elles soulignent une fracture entre les autorités municipales et les conducteurs de motos-taxis. Les témoignages de conducteurs, victimes d’agressions par des contrevenants qui ont déchiré leurs chasubles, révèlent la complexité de la situation. Même parmi eux, des divisions émergent quant à l’acceptation de cette nouvelle réglementation.
Les autorités justifient leur action par la nécessité de réguler un secteur souvent perçu comme anarchique. Pourtant, le mode de cette régulation soulève de nombreuses questions concernant la légitimité des méthodes employées. Les conducteurs, représentant une part significative de la population active à Douala, se sentent souvent laissés pour compte dans les décisions les concernant directement.

Vers une Réflexion sur la Régulation du Secteur
Les tensions à Douala soulèvent des questions essentielles sur la régulation des transports en commun, et surtout pour les motos-taxis. Les autorités, en quête d’un cadre légal et sécuritaire, doivent considérer les réalités vécues par les conducteurs. Établir des mesures sans consultation préalable peut engendrer des résistances, comme en témoigne la situation actuelle.
Un dialogue constructif entre les autorités et les représentants des conducteurs de motos-taxis s’impose. Des solutions alternatives, telles que des campagnes de sensibilisation et des formations sur la sécurité routière, pourraient faciliter cette transition. En outre, une communication transparente sur les raisons de ces mesures serait essentielle pour apaiser les tensions et instaurer la confiance.
Au final, la question de l’identification des motos-taxis à Douala dépasse une simple obligation réglementaire. Elle touche à des enjeux de dignité, de reconnaissance et de respect des droits des travailleurs. Comment les autorités peuvent-elles équilibrer la nécessité de régulation d’un secteur vital avec le respect des droits des conducteurs ? La réponse à cette question sera déterminante pour l’avenir des transports à Douala.


