À peine un mois après la fin officielle de la transition au Gabon, le nouveau gouvernement, dirigé par le président élu Brice Clotaire Oligui Nguema, pose les jalons d’une gouvernance renouvelée. Le Conseil des ministres du 30 mai a mis en lumière les graves dérives observées en 2023 concernant l’attribution de nombreux marchés publics par entente directe. Le nouveau pouvoir a réaffirmé son engagement à rompre avec ces pratiques opaques et à assainir le système.
Un héritage lourd : 264 milliards de FCFA attribués sans appel d’offres en 2023

Le constat est alarmant. En 2023, 189 marchés publics ont été attribués par entente directe, pour un montant total de près de 264 milliards de FCFA. Cela représente plus de 61 % de la valeur des marchés, alors que le Code des marchés publics limite cette procédure exceptionnelle à 15 % du volume global.
Des cas précis comme l’attribution de plus de 10 milliards de FCFA à une PME peu connue, Morgan BTP, sans appel d’offres ni justification d’urgence, ont provoqué un tollé. Ces abus remettent en cause la crédibilité et la transparence de la gestion des fonds publics.
Une volonté de rupture affichée dès les premiers jours

Conscient de la défiance d’une partie de la population vis-à-vis des anciennes pratiques, le président Brice Clotaire Oligui Nguema et son équipe ont pris des mesures fortes dès leurs premières semaines de mandat. Le Conseil des ministres du 30 mai a été l’occasion de dresser un état des lieux sans complaisance et d’annoncer un recentrage strict sur la règle de l’appel d’offres, tel que prévu par l’article 71 du Code des marchés publics.
Des réformes structurelles relancées par le nouveau gouvernement

Le nouveau gouvernement entend accélérer les réformes engagées pendant la transition, tout en y apportant une rigueur renforcée. Parmi les priorités immédiates :
La création d’un guichet unique mensuel pour simplifier et sécuriser les procédures ;
La numérisation intégrale des marchés publics pour assurer leur traçabilité ;
Le renforcement des capacités des agents publics chargés de la commande publique.
Le ministère de l’Économie et des finances, désormais sous une nouvelle direction, sera au cœur de ce processus de moralisation et de modernisation.
Une étape cruciale pour la crédibilité du nouveau pouvoir

L’ère post-transition s’ouvre sur une promesse claire : tourner la page des dérives passées et construire une gouvernance publique fondée sur la transparence, la justice économique et l’efficacité. Pour le président Oligui Nguema, fraîchement investi le 3 mai dernier, ce chantier est un test décisif de crédibilité aux yeux des citoyens comme des partenaires internationaux.
En dénonçant sans détour les excès de l’ancienne gestion, le nouveau gouvernement affirme son autorité et engage le pays dans une nouvelle trajectoire. Reste désormais à maintenir le cap, à enraciner ces réformes dans le long terme, et à s’assurer que les pratiques changent réellement dans les faits, pas seulement dans les discours.


