Paris, mai 2025. Tandis que les foules s’empressent sur les boulevards haussmanniens et que les terrasses bruissent d’insouciance printanière, la capitale française accueille en sourdine un ballet diplomatique dont elle seule a le secret. Dans les salons feutrés de l’hôtel Bristol, trois noms majeurs de la politique d’Afrique centrale – Oligui, Sassou-Nguesso, Bongo – s’entrecroisent dans une chorégraphie où l’histoire, la famille et le pouvoir ne font plus qu’un.

Le 22 mai, selon Africa Intelligence, Brice Clotaire Oligui Nguema, désormais Président de la République gabonaise, s’est entretenu à huis clos avec son homologue congolais Denis Sassou-Nguesso. Une rencontre discrète mais stratégique, rendue possible grâce à un homme-pivot : Omar-Denis Junior Bongo, petit-fils du président congolais par sa mère Édith Lucie Bongo. L’entrevue se serait tenue dans un climat empreint de respect mutuel, mais aussi de calculs à long terme. Car à Paris, les liens du sang et ceux du pouvoir s’imbriquent dans un tissu aussi dense qu’un kente royal.

Officiellement, Sassou séjourne en France dans le cadre d’une visite officielle. Oligui, lui, mène un séjour privé — mais rien n’est jamais vraiment privé lorsqu’il s’agit d’Afrique centrale. Tous deux logés au Bristol, ils auraient évoqué des sujets aussi sensibles que la stabilité régionale, les réseaux familiaux et les équilibres à venir. Une diplomatie parallèle mais décisive, loin des caméras.

Dans une autre aile de la capitale, une autre séquence tout aussi symbolique s’écrivait. Noureddin Bongo Valentin, fils d’Ali Bongo, récemment libéré après vingt mois de détention, retrouvait sa tante Pascaline Bongo. Au menu : discussions patrimoniales, avenir en exil et recompositions familiales. Une rencontre qui n’a rien d’anodin à l’heure où le président Oligui mène une traque sévère contre les avoirs de l’ancien régime. Africa Intelligence révèle que des actifs de la famille Bongo sont dans le viseur de Libreville, tandis que Paris redevient le théâtre de leurs retrouvailles.

Pascaline a ensuite revu Omar-Denis Junior Bongo, son demi-frère. Et pour la première fois depuis le coup d’État du 30 août 2023, Noureddin et Omar-Denis se sont rencontrés. Un tête-à-tête aux allures de réconciliation et peut-être d’ouverture. La rumeur, persistante, prête à Omar-Denis une ambition présidentielle longtemps soutenue par son grand-père Sassou-Nguesso. À Paris, rien ne se fait sans intention, surtout lorsque les dynasties croisent leurs trajectoires.

La libération de Noureddin et de sa mère, Sylvia Bongo Valentin, aurait été soigneusement négociée, notamment via l’entremise du président angolais João Lourenço. Selon Africa Intelligence, Oligui avait confié dès avril 2024 à plusieurs chefs d’État africains, dont Alassane Ouattara, son intention de les libérer à l’issue de l’élection présidentielle. Une décision à la fois humanitaire, politique… et stratégique.
Dès leur arrivée à Luanda le 15 mai, les regards se tournent vers leur future destination : Londres ou Rabat seraient en lice pour leur résidence. Tandis qu’Ali et Sylvia séjournent encore en Angola, Noureddin a préféré rejoindre Paris, sans doute pour retrouver ses repères… ou tester sa résilience dans le Gabon post-Bongo.

Autre moment-clé : la rencontre discrète entre Oligui Nguema et Emmanuel Macron à l’Élysée. Un échange discret mais lourd de sens, notamment autour du sort des Bongo, tous détenteurs de la nationalité française. Libreville n’a pas manqué de signaler sa gêne : à l’investiture du Président gabonais le 3 mai, Paris avait dépêché le député Benjamin Haddad, et non un ministre de poids. Une délégation peu informée, qui aurait été huée sur place.

Le 23 mai, c’est au tour de Denis Sassou-Nguesso d’être reçu par Macron pour un déjeuner privé. Mais là aussi, les sourires masquent mal les tensions. Les affaires judiciaires en France — notamment celle des biens mal acquis — pèsent sur les relations entre Brazzaville et Paris. Françoise Joly, proche du président congolais, est citée dans les investigations.
À l’ombre des palais républicains, Paris redevient le centre névralgique des équilibres d’Afrique centrale. Jeux d’influence, dynamiques familiales et ambitions croisées s’y tissent dans un ballet millimétré. Une partition jouée piano, mais dont l’écho pourrait retentir dans les capitales de toute la sous-région. https://www.africaintelligence.fr/afrique-centrale/2025/05/23/bongo-sassou-nguesso-oligui–reunions-de-familles-presidentielles-a-paris,110455928-art


