La Cour internationale de justice (CIJ) a rendu son verdict dans le long différend territorial opposant le Gabon à la Guinée équatoriale au sujet des îlots de Mbanié, Cocotiers et Conga. La juridiction onusienne a tranché en faveur de Malabo, en se fondant sur le traité colonial de 1900 entre la France et l’Espagne. Mais à Libreville, si l’amertume est palpable, l’abandon n’est pas à l’ordre du jour.
Un verdict juridique, mais pas politique

La CIJ a jugé que les îlots appartiennent légalement à la Guinée équatoriale, rejetant l’argument gabonais selon lequel la Convention de Bata de 1974 — un accord bilatéral signé avec Malabo — conférait au Gabon la souveraineté sur ces territoires. La Cour a estimé que cette convention n’avait pas de valeur juridique contraignante.
Bilie-By-Nze : « Nous ne devons pas baisser les bras »Face à ce revers, l’ancien Premier ministre gabonais Alain-Claude Bilie-By-Nze, désormais figure influente du paysage politique, a brisé le silence et appelé à la mobilisation nationale, dans un ton à la fois ferme et rassembleur.
« Nous ne devons pas baisser les bras, car ce jugement ne signifie pas une perte irréversible. Il reste de la place pour la diplomatie, pour la coopération régionale, voire pour une forme de co-gestion », a-t-il déclaré au micro de RFI, quelques heures après le verdict.
Il a souligné que cette décision ne doit pas être perçue comme un effacement de la position gabonaise, mais plutôt comme un appel à revoir les stratégies.
« Le Gabon doit désormais se concentrer sur les voies politiques et diplomatiques. Nous avons nos arguments historiques, humains, stratégiques et économiques. Il faut les faire valoir dans un cadre de dialogue avec la Guinée équatoriale », a-t-il poursuivi.
Un appel à la dignité nationale et à l’avenir partagé

En plaidant pour une approche constructive, Bilie-By-Nze incarne une voix de raison dans un climat qui aurait pu rapidement verser dans la crispation nationaliste. Il invite les autorités de transition à rester fermes, mais ouvertes, à protéger les intérêts du Gabon sans rompre le fil du dialogue régional.
« Le pétrole peut être partagé. La souveraineté peut être discutée. Mais la paix, elle, est non négociable », a-t-il conclu.Vers une coopération énergétique régionale ?
Certains experts, inspirés par l’exemple récent de coopération entre la RDC et l’Angola sur le bloc 14, estiment que le Gabon et la Guinée équatoriale pourraient ouvrir une nouvelle page en négociant un accord de partage de production pétrolière dans la zone concernée. Une perspective qui aurait l’avantage de transformer un contentieux en levier de codéveloppement.
Conclusion : un verdict, mais pas une défaite

La décision de la CIJ est juridiquement définitive, mais le combat pour l’avenir de Mbanié ne fait peut-être que commencer sous d’autres formes. Grâce à des voix comme celle de Bilie-By-Nze, le Gabon maintient une posture digne et stratégique, en misant sur le dialogue, la paix et la coopération pour défendre ses intérêts sans recourir à la confrontation.


